Social émotionnel

5 stratégies pour cultiver l’apprentissage socio-émotionnel à l’école

Les programmes éducatifs accordent de plus en plus d’importance au développement des compétences transversales. Cette orientation particulière vise à promouvoir l’éducation émotionnelle et sociale en vue d’une acquisition socio-émotionnelle. Cette démarche s’explique par une augmentation significative des troubles anxieux et dépressifs chez les enfants, ainsi que par la corrélation entre le mal-être et les difficultés scolaires. Les scientifiques soulignent par ailleurs que la raison et l’émotion ne sont pas des facultés distinctes et autonomes, où la première dominerait la seconde, mais qu’elles font partie intégrante d’un réseau homogène en interaction avec les processus cognitifs.

L’éducation et l’apprentissage socio-émotionnel : définition

L’importance de l’éducation émotionnelle et relationnelle réside dans sa capacité à favoriser le bien-être individuel et collectif. Son objectif est de développer les compétences d’être et les compétences relationnelles, également appelées compétences psychosociales, chez les individus en général, et plus particulièrement chez les enfants, afin de libérer leur potentiel interne et de les intégrer harmonieusement dans la société.

Dans le cadre scolaire, l’éducation émotionnelle et sociale vise à créer un climat positif et coopératif en proposant des activités pédagogiques et ludiques qui permettent de surmonter les barrières entre les individus. Ces activités visent à établir des liens, à favoriser l’intégration, à instaurer la confiance, l’ouverture et l’acceptation mutuelle. Elles offrent aux enfants, tout comme aux adultes, l’opportunité de développer les compétences d’être et d’adopter les attitudes comportementales souhaitées.

Ainsi, l’apprentissage socio-émotionnel vise à développer cinq compétences fondamentales qui jouent un rôle crucial dans le bien-être et la réussite scolaire des enfants :

Conscience de soi :

Par conscience de soi, on entend la capacité des élèves à :

  • reconnaître et décrire leurs émotions
  • comprendre le pourquoi de leur état d’esprit
  • reconnaître les sentiments des autres et le pourquoi
  • reconnaître clairement leur capacité à réussir dans diverses situations
  • comprendre leurs propres besoins et valeurs

Maîtrise de soi :

Cette compétence se réfère à la capacité des élèves à gérer le stress et à réguler leurs émotions. Il est essentiel pour eux d’apprendre à exprimer et à apaiser l’anxiété, la colère et la dépression. De plus, ils doivent être en mesure de contrôler leurs impulsions, ainsi que, le cas échéant, leur agressivité et leurs comportements antisociaux. Enfin, il est tout aussi important qu’ils apprennent à se calmer lorsqu’ils sont agités ou en colère, ainsi qu’à se ressaisir lorsqu’ils se sentent léthargiques ou lassés. Plus les élèves parviennent à se maîtriser, plus leur estime de soi et leur sentiment d’efficacité personnelle se renforcent.

Conscience sociale :

Les élèves doivent acquérir la capacité de s’adapter à l’état d’esprit d’un groupe et d’appréhender, respecter d’autres perspectives. Il est crucial de reconnaître et de valoriser la diversité dans ce contexte. Le développement d’une conscience sociale joue un rôle essentiel en favorisant l’adaptation sociale, en réduisant l’intimidation, en améliorant les comportements pro sociaux et en facilitant la régulation émotionnelle.

Relations interpersonnelles :

Cette compétence fait référence à la capacité des élèves à établir et à maintenir des amitiés saines, à résoudre les conflits, à reconnaître leurs propres compétences en communication, à réguler et à exprimer leurs émotions de manière appropriée, ainsi qu’à cultiver des relations avec des personnes-ressources précieuses. Chacune de ces capacités revêt une importance cruciale pour le succès à long terme.

Prise de décisions :

La prise de décision désigne la capacité d’appliquer des stratégies efficaces pour résoudre des problèmes scolaires, personnels, sociaux, etc., tout en étant conscient des problèmes potentiels liés à chaque décision et en envisageant des alternatives. Cette compétence englobe à la fois des aspects personnels et prosociaux, où les élèves doivent développer leur capacité d’introspection et d’auto-évaluation, apprendre à prendre des décisions en tenant compte de normes morales, personnelles et éthiques, reconnaître l’importance de prendre des décisions qui tiennent compte des autres, de leur école et de leur environnement, apprendre à négocier de manière équitable et être capables d’évaluer comment leurs décisions actuelles influenceront leur avenir. Une fois de plus, ces compétences constituent les fondements du succès dans la vie.

5 stratégies d’apprentissage socio-émotionnel

Les écoles jouent un rôle critique dans le développement des cinq compétences socio-émotionnelles fondamentales .

1. Autoriser des échecs, des erreurs et des expériences

L’expérience joue un rôle fondamental dans tout processus d’apprentissage. Chaque enfant doit tomber pour apprendre à se relever. Il commettra des erreurs pour découvrir la bonne manière de faire.

Apprendre, c’est comprendre pourquoi nous nous trompons. C’est seulement lorsque l’erreur est acceptée des deux côtés, tant par les enfants que par les adultes, que tout devient possible : réflexion, apprentissage, progression, création, innovation et invention !

Il revient donc aux adultes de dédramatiser l’erreur et de faire comprendre qu’elle fait partie intégrante du processus d’apprentissage. C’est en se trompant que l’on apprend ! Une fois que l’enfant a saisi l’importance de pouvoir se tromper pour apprendre, il peut attribuer à l’erreur un rôle positif sans la craindre.

Dans cette approche, l’adulte se concentrera davantage sur l’explication de ce que l’enfant a essayé de faire plutôt que sur ce qu’il a mal fait ou n’a pas fait. L’adulte pourra ainsi tenter d’identifier les connaissances sur lesquelles repose le raisonnement de l’enfant et en déterminer les origines possibles.

Il est possible d’utiliser les erreurs comme leviers de progression dans les apprentissages, que ce soit dans le cadre scolaire ou tout autre type d’apprentissage.

2. La relation élève – enseignant

L’établissement d’une relation de qualité entre l’élève et l’enseignant, ainsi que le soutien affectif offert par ce dernier, exercent une influence considérable sur le bien-être et les résultats scolaires. Il est donc essentiel de comprendre les éléments qui favorisent de bonnes relations entre les élèves et les enseignants. Les études ont mis en évidence l’impact des approches pédagogiques sur la création de liens solides avec les élèves.

Il existe trois types d’enseignants :

L’encadrant

Il se distingue par sa réceptivité, son soutien et sa vision des élèves en tant qu’individus responsables. Il sait établir des limites tout en encourageant l’autonomie. Cet enseignant veille à expliquer le pourquoi des règles et sollicite fréquemment la participation des élèves dans leur élaboration. Dans le cadre de l’enseignement encadrant, les élèves sont davantage encouragés à remettre en question les choses et à intervenir lors des discussions en classe. La discipline est certes importante, mais l’application de conséquences pour les transgressions est juste et cohérente. L’enseignement encadrant dynamise le développement socio-émotionnel des élèves et, d’après les recherches, favorise leur responsabilité, leur comportement prosocial et leur maturité générale. De plus, il favorise une atmosphère positive tant dans la salle de classe qu’à l’échelle de l’établissement scolaire.

L’autoritaire

L’approche adoptée vise principalement à instaurer une discipline rigide en classe. L’autorité des enseignants est considérée comme sacrée, ce qui limite pratiquement toute possibilité aux élèves de discuter ou de remettre en question. Le non-respect des règles ou des délais n’est pas toléré, et le comportement en classe est principalement régi par un système de punitions et de récompenses. Lorsque les élèves enfreignent les règles autoritaires, ils sont accusés de ne pas contrôler leurs impulsions et sont tenus entièrement responsables de leurs échecs.

Cette approche semble non seulement nuire à la motivation, à l’estime de soi et à la confiance en ses propres capacités des élèves, mais elle empêche également les bénéfices socio-émotionnels inhérents aux relations de confiance entre l’élève et l’enseignant, ainsi qu’à un environnement sain en classe.

Le permissif

Dans cette approche, la discipline en classe est négligée et l’indiscipline est souvent ignorée aussi longtemps que possible, le cas échéant. De plus, le personnel enseignant permissif ne cherche aucunement à établir des relations de confiance avec les élèves ; au contraire, il se désintéresse d’eux et peut même finir par se méfier d’eux. L’enseignement est considéré comme un fardeau plutôt que comme une vocation, ce qui se traduit par un effort minimal.

Cette approche semble engendrer chez les élèves les mêmes problèmes affectifs que le style parental permissif : une tendance plus forte à l’impulsivité, un manque de motivation et de persévérance, une anxiété chronique et des résultats scolaires médiocres.

3. Ecouter avec Empathie

Les enfants apprennent par imitation. Il en est de même pour les compétences socio-émotionnelles. Lorsqu’un enseignant montre comment agir avec bienveillance et empathie, il offre un modèle à comprendre et à copier pour développer le bien-être et les performances de tous. Quand un enfant se sent écouté, son cœur s’ouvre. Si vous écoutez les émotions de vos élèves, une relation de confiance se crée et les élèves s’apaisent. Par ailleurs, un enfant dont les émotions sont accueillies développe une bonne estime de lui-même parce qu’il sent qu’il a le droit d’être qui il est, de ressentir ce qu’il ressent et de se fier à son intuition.

Quand un enfant ne se sent ni écouté ni compris, son cœur se ferme et tout se contracte dans son corps. Quand personne n’écoute les émotions d’un enfant, il ressent de la frustration et, par conséquent, de la colère.

4. Votre manière de penser définit vos sentiments

Nous réagissons à nos sentiments en fonction de notre représentation subjective d’une situation et des pensées liées. Ils expriment ce que nous percevons mentalement, au niveau du cortex, plutôt que d’être purement émotionnels au niveau du système limbique. C’est pourquoi il est possible de gérer nos sentiments, même si cela peut parfois être difficile.

Les sentiments émergent lorsque nous nous attachons à nos pensées face à une situation donnée. Ils dépendent de notre état mental. Les recherches montrent que les étudiants qui sont plus résilients ont tendance à obtenir de meilleurs résultats scolaires. Ils sont conscients de leurs pensées, comprennent ce qui est important et sont capables de remettre en question leurs croyances et leurs pensées afin de créer des résultats plus positifs. Ce concept est essentiel car nous ne pouvons pas toujours contrôler tous les événements de notre vie, mais nous avons une influence significative sur la manière dont nous interprétons ces événements et sur la façon dont nous y réagissons.

Il est fréquent que de nombreux élèves ne soient pas conscients du lien entre leurs pensées et leurs sentiments. C’est pourquoi, lorsque vous entendez un élève exprimer sa frustration, sa colère ou d’autres émotions négatives, il est important de prêter une oreille attentive à l’émotion et d’aider l’élève à remettre en question ses idées et ses pensées.

5. Enseigner des techniques de résolution de problèmes

Les enfants peuvent apprendre à trouver des solutions non violentes à leurs problèmes. Le recadrage des pensées est utile dans ce cas-là. Les enseignants encouragent les élèves dès le début à se mettre dans la peau d’un détective pour repérer et analyser les différentes pensées qui surviennent au cours de la semaine face à des situations stressantes.

Lorsque des pensées automatiques surviennent, par exemple si le matin un copain ne vient pas les saluer (« j’ai jamais eu d’amis dans ce collège »), les adolescents, à l’image des détectives, s’entraînent à trouver des explications alternatives (« il n’est pas d’humeur ce matin », « il est stressé à cause du contrôle », etc..

Sources :

  • Donner l’envie d’apprendre de Alain Sotto et Varinia Oberto (éditions Le Livre de Poche)
  • UN CADRE PLUS LARGE POUR MESURER LE SUCCÈS : L’APPRENTISSAGE SOCIAL ET ÉMOTIONNEL DR. STUART SHANKER UNIVERSITÉ YORK

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