Les besoins fondamentaux de l’enfance selon Maslow et Montessori
La notion de « besoins fondamentaux de l’enfant » renvoie à la question essentielle de la détermination de ce qui est nécessaire pour l’enfant. En plus, les besoins fondamentaux de l’enfance sont les besoins communs à toutes les cultures depuis l’origine de l’humanité, et appellent ce qui est nécessaire au maintien et au déploiement de la vie humaine. Nous étudions ces besoins fondamentaux selon Montessori et Maslow :
Les besoins fondamentaux selon Montessori
Maria Montessori a développé une vision de l’histoire humaine singulière, qui est étroitement liée à sa vision de la pédagogie. Sa théorie est que l’humanité tend toujours vers plus d’unité. De nos jours, il n’y a presque plus de peuples isolés, tous les humains du monde sont étroitement interconnectés, dans ce processus qu’on appelle maintenant la « mondialisation ».
Les marchandises voyagent à travers le monde, les idées circulent, les modes, les découvertes scientifiques, tout se propage à grande vitesse. Il y a 150 ou 200 ans, de nombreux pays étaient coupés du reste du monde. Aujourd’hui, les rares pays qui vivent en vase clos sont des dictatures, et cet isolement nécessite une violence et un contrôle considérables de la part de leurs dirigeants.
On a tendance à l’oublier, mais l’existence même des passeports et des visas est un phénomène récent. Avant la Première Guerre mondiale, la liberté de circulation autour de la planète était quasi totale. De fait, cette mondialisation n’est pas un phénomène récent : historiquement, on constate que c’est une tendance naturelle dès que la sécurité et la prospérité le permettent. Les humains voyagent, commercent, échangent avec dynamisme. Les marchandises se déplaçaient déjà d’un bout à l’autre de l’Empire romain.
La prospérité et l’extraordinaire réussite intellectuelle de Bagdad durant l’âge d’or de l’islam, du VIII e au XIII e siècle, ont découlé de la liberté de circulation et des échanges. Dans ce lieu où tous pouvaient venir échanger, les divisions étaient oubliées, on traduisait Aristote du grec vers le persan. Plus tard encore, dans l’immense Empire mongol de Gengis Khan, les savants et les artistes pouvaient circuler de la Chine jusqu’au cœur de l’Europe sans droit de passage. Et même si les commerçants étaient taxés, ils profitèrent de la Pax Mongolica pour établir des routes de l’Asie vers l’Europe.
La vision de Maria Montessori d’une nation unique, celle de l’humanité, fait son chemin. Pour elle qui a vécu l’horreur des deux guerres mondiales, observé la montée des nationalismes, la monstruosité de leurs excès, ainsi que les premiers mouvements de solidarité internationale, il ne s’agit pas d’une simple utopie. On peut déplorer les difficultés de l’Organisation des Nations unies, et de l’institution qui l’a précédée, la Société des Nations, mais l’espoir contenu dans ces tentatives témoigne de la volonté des humains de dépasser les anciennes lignes nationales pour tendre vers un ensemble plus grand et surtout plus paisible.
Selon la pédagogie de Montessori, la solution aux maux de l’humanité, la seule force qui permette de faire triompher le désir d’unité sur la barbarie, ne peut être que l’éducation. Elle écrit aussi : « l’éducation est la meilleure arme de paix ».
La vision humaniste de Maria Montessori n’est pas seulement philosophique ou morale, elle émane également de sa formation scientifique. En tant que médecin, elle sait que la biologie se moque bien des frontières et que le cœur a quatre ventricules pour tout le monde, quelles que soient la couleur, la religion, la condition. Selon elle, l’éducation ne peut être une réponse aux problèmes de l’humanité que si elle s’affranchit de sa composante culturelle pour se centrer sur la nature biologique, commune à tous les humains. C’est pour cela que sa démarche a été de mettre en lumière l’existence des lois du développement naturel chez l’enfant, quelle que soit son origine.
Maria Montessori s’est demandé s’il n’existait pas des comportements, des attitudes, des modes d’organisation sociale qui soient communs à tous les êtres humains. Lors de ses études d’anthropologie et de ses nombreux voyages, elle s’est passionnée pour cette recherche de tendances universelles, observant les peuples en fonction de ce qui les rassemble, et non pas de ce qui les différencie. À l’image de Noam Chomsky 6, qui avait essayé d’observer une structure de langage universelle, Maria Montessori a élaboré une grille d’observation permettant d’expliquer les similitudes et les différences dans les comportements humains. Pour cela, elle utilise deux concepts simples : les besoins fondamentaux et les tendances humaines.
Les 7 besoins fondamentaux de l’enfance
Les humains ont une série de besoins fondamentaux, nécessaires et indispensables à leur survie :
- se nourrir, se défendre
- se déplacer , et se protéger des éléments.
Maria Montessori décrit aussi des besoins spirituels, plus spécifiques aux humains (même si certains animaux semblent parfois les partager avec nous), qui, s’ils ne sont pas indispensables à la survie, sont des forces qui poussent les humains à agir :
- la spiritualité ;
- l’art ;
- la beauté.
Ces besoins fondamentaux nous ramènent à notre biologie profonde, aux conditions de survie de tous les organismes sur terre. Dans la nature, on trouve en effet une extraordinaire variété de façons de répondre à ces besoins. Certaines sont génériques. La plupart des animaux qui doivent se déplacer dans l’eau ont un corps allongé. Il laisse glisser l’eau, et des membres qui ressemblent à des nageoires par exemple.
D’autres sont extrêmement spécialisées. Certains colibris ne se nourrissent que d’un seul type de fleur, dont la morphologie a fini par évoluer pour faciliter ce partenariat. Le paresseux s’adapte parfaitement à la vie dans les arbres. Ses os et ses griffes se disposent d’une telle façon qu’il ne dépense aucune énergie musculaire pour rester accroché, tandis que se déplacer à terre est terriblement compliqué pour lui. Au cours de leur évolution, d’autres animaux sont devenus moins spécialisés. Les ours ont un régime extrêmement varié : gibier, poissons, noix, fruits, baies, miel. Les muridés, la grande famille des rats et des souris, s’adaptent à presque tous les climats. Mais le champion de l’adaptabilité reste l’être humain.
Ses besoins fondamentaux sont communs à tous les humains de la terre. Mais chaque peuple a une façon particulière d’y répondre, en fonction de son environnement, des ressources disponibles et de ses compétences scientifiques et technologiques. Tous les humains s’habillent, mais la nature des vêtements varie selon les époques, les lieux. Peaux, coton, lin, les matériaux diffèrent en fonction de ce dont les hommes disposent, et de leurs techniques de tissage, de couture…
À ces contraintes matérielles s’ajoutent des choix esthétiques liés à la culture. On peut définir, décrire une culture, une société, par la façon dont elle répond aux besoins fondamentaux (vêtements, nourriture, habitat).
Ainsi, on met l’accent sur ce que les hommes partagent, plus que sur ce qui les différencie, malgré le fait que chaque culture a ses rituels qui peuvent sembler si surprenants à ceux qui en sont étrangers. Les Chinois mangent des concombres de mer, les Français, des escargots. Tous répondent à leurs besoins de nourriture. Les hommes de certaines tribus amazoniennes portent des labrets, des disques qui étirent leur lèvre inférieure, certaines femmes se mettent du rouge à lèvres.
Tous répondent ce faisant au besoin de paraître beau. Cette notion de besoins fondamentaux et la multitude des réponses que l’humanité y a apportée à travers le temps et l’espace sont un thème abordé de façon récurrente avec les enfants dans le programme d’histoire Montessori 6-12.
Les besoins fondamentaux de l’enfance selon la pyramide de Maslow
Abraham MASLOW considère que l’homme cherche à satisfaire successivement des besoins fondamentaux.
• Chaque besoin correspond pour lui à un niveau.
• Il considère également que l’on ne peut accéder au besoin supérieur que lorsque le besoin de niveau inférieur est satisfait. Ces besoins se symbolisent par une pyramide qui porte son nom.
Les besoins fondamentaux sont les besoins matériels (se nourrir, se vêtir, se loger, se déplacer, se défendre). Ils comprennent également les besoins spirituels (se parer, besoin artistique et intellectuel, religieux) :
Voici les 5 besoins fondamentaux de l’enfance :
Les besoins physiologiques
Ce sont des besoins directement liés à la survie de l’individu ou de l’espèce. Ce sont typiquement des besoins concrets (manger, boire, se vêtir, se reproduire, dormir…).
Les besoins de sécurité
Ils proviennent de l’aspiration de chacun d’entre nous à être protégé physiquement et moralement.
Ce sont des besoins complexes dans la mesure où ils recouvrent une part objective, notre sécurité et celle de notre famille. Et une part subjective liée à nos craintes, nos peurs et nos anticipations qu’elles soient rationnelles ou non.
- Sécurité d’un abri (logement, maison);
- Sécurité des revenus et des ressources;
- La sécurité physique contre la violence, délinquance, agressions…
- Sécurité morale et psychologique;
- Sécurité et stabilité familiale ou, du moins, affective;
- La sécurité médicale/sociale et de santé.
Les besoins d’appartenance
Les besoins d’appartenance correspondant à aux besoins d’amour et de relation des personnes :
- Besoin d’aimer et d’être aimé (affection);
- Avoir des relations intimes avec un conjoint (former un couple);
- Avoir des amis;
- Fire partie intégrante d’un groupe cohésif;
- Se sentir accepté−ne pas se sentir seul ou rejeté.
Ce sont les besoins d’appartenance à un groupe qu’il soit social, relationnel ou statutaire. Le premier groupe d’appartenance d’une personne est la famille. Les besoins sociaux sont les besoins d’intégration à un groupe. Chaque personne peut appartenir à plusieurs groupes identifiés.
Les besoins d’estime
Les besoins d’estime correspondent aux besoins de considération, de réputation et de reconnaissance, de gloire. De ce qu’on est par les autres ou par un groupe d’appartenance. La mesure de l’estime peut aussi être liée aux gratifications accordées à la personne. C’est aussi le besoin de respect de soi-même et de confiance en soi.
Le besoin d’auto-accomplissement
Le besoin d’auto-accomplissement correspond au besoin de se réaliser, d’exploiter. Il correspond aussi de mettre en valeur son potentiel personnel dans tous les domaines de la vie.
Ce besoin peut prendre des formes différentes selon les individus. Pour certains ce sera le besoin d’étudier, d’en apprendre toujours plus, de développer ses compétences et ses connaissances personnelles ; pour d’autres ce sera le besoin de créer, d’inventer, de faire ; Et pour d’autres ce sera la création d’une vie intérieure… C’est aussi le sentiment qu’à une personne de faire quelque chose de sa vie.
Sources :
- Les cahiers du Crélam (), Agnès Ohlenbusch. () Mars 2001.
- Observatoire nationale de la protection de l’enfance. Les besoins fondamentaux de l’enfant et leur déclinaison pratique en protection de l’enfance, OCTOBRE 2016,