Idées et stratégies

Comment enseigner plus intelligemment, mais pas plus dur

Les enseignants ont différentes tâches à accomplir. Ils doivent planifier, préparer, classer, et corriger. Ils passent de longues heures à enseigner à un groupe ou à une classe d’élèves ; et à préparer les cours. En France, les enseignants travaillent en moyenne autour de 40 heures par semaine, dont 15 à 18 heures devant les élèves. Au Canada, une semaine de travail comporte 32 heures. Cependant, un enseignant qui travaille 8 heures ou plus au travail est souvent moins productif que celui qui travaille moins. De longues heures de travail provoquent de la fatigue, du stress, et des maux de tête (attention, les « longues heures » incluant le temps de trajet !)

Comment bien enseigner ?

Les longues heures de travail exigent que le professeur travaille d’une façon intelligente et efficace. Voici une liste de 10 astuces de professeur pour bien enseigner :

1. Prenez soin de vous

Ce principe est à la base de tout. Les enseignants et les enseignantes sont au service des élèves, des parents, et de l’administration. Mais, en vous mettant de côté, votre bien-être va peu à peu décroître. C’est en prenant soin de soi que l’on prend soin des autres. Si vous vous sentez bien, vous allez impactez vos élèves de la meilleure des façons. Mais, comment prendre soin de vous ?

  • Prendre un petit déjeuner.
  • Pratiquer une séance de méditation et de gratitude pour gérer le stress.
  • Se promener dans la nature.
  • Prendre du bon temps avec sa famille, et ses amis.
  • Définir des objectifs professionnels et personnels.
  • Lire un bon livre.
  • Prendre du temps pour s’amuser, se détendre, et pour regarder ses films préférés…
  • Prévoir des pauses régulières.
  • Transformer la classe en un espace qui assure le bien-être et qui inspire la motivation et le calme.

2. L’enseignement en équipe

Certains enseignants entrent dans leurs classes, ferment la porte et restent isolés et seuls face à leurs élèves. Cependant, ils sont appelés à travailler de façon collective. Ils doivent apprendre à travailler en équipe. Cette méthode de travail émerge de difficultés communes ou d’objectifs communs, en fondant des projets. Les enseignantes et les enseignants définissent des objectifs communs, partagent des responsabilités, et ils partagent aussi leurs pratiques pédagogiques. Tout le monde finit tout simplement par s’engager ensemble pour que le projet collectif soit réussi. Chacun se sent co-responsable. Par conséquent, cette coopération entre enseignants, apporte de multiples bénéfices : l’efficacité, l’amélioration de la qualité de l’enseignement, et le plaisir de travailler intelligemment. En plus, les enseignants ne vont pas se sentir seuls face aux difficultés de l’enseignement, parce que leur collaboration facilite leur travail envers les élèves. Ils arrivent mieux à cibler les problèmes des élèves, et favorisent également leur développement professionnel.

3. Concentrez-vous sur vos forces

Lorsque vous vous concentrez sur vos forces, vous gagnez plus, donc vous êtes confiant et vous avez de l’enthousiasme et de l’énergie. Mais, si vous vous concentrez sur vos faiblesses, vous épuisez votre énergie et vous êtes mal à l’aise. Finalement, vous travaillez plus dur, et vous consacrez plus d’énergie et de temps, mais vous produisez moins.

Donc, si vous êtes fort dans les nouvelles technologies, la gestion de classe, la communication, la remédiation des difficultés en lecture, ou vous savez bien comment motiver vos élèves… Utilisez ces points de force dans lesquels vous excellez, pour passer d’un travail dur et pénible à un travail intelligent et efficace.

4. L’organisation de la classe

Dans les classes bien organisées : le temps, le matériel et l’espace sont utilisés avec efficacité. Cela permet de multiplier les occasions de participation, et facilitera la tâche des enseignants…

En effet, une classe bien organisée facilite les efforts de l’enseignant et de l’enseignante pour établir des contacts avec des élèves particuliers tout en enseignant à la classe entière.

Comment organiser l’espace ?

  • Archive du plan de leçon : Certains enseignants utilisent des plans de cours enregistrés sur l’ordinateur. Ils archivent leur plan de cours pour qu’ils puissent les modifier facilement l’année qui suit.
  • Déterminer un moment précis afin que tous les élèves nettoient et organisent leurs pupitres et leurs casiers.
  • Laissez vos élèves se déplacer dans la salle de classe de façon naturelle. Ils se sentiront moins anxieux.
  • Établir des habitudes pour gérer le matériel personnel et celui de la classe, pour inscrire les devoirs à faire, pour les faire et les rendre à l’enseignant, pour distribuer et ramasser les travaux assignés, et pour entrer dans l’école et dans la classe et en sortir.

5. La différenciation facilite la tâche

La plupart des enseignants diraient que la différenciation est l’aspect le plus chronophage de la planification. En effet, créer plus d’une ressource pour chaque aspect de la leçon pourrait prendre des heures ! Mon conseil ? Ne le laissez pas ! La différenciation doit être simple, efficace et prendre un minimum de temps à planifier. Les ressources d’échafaudage sont essentielles plutôt que de créer une ressource complètement différente pour chaque capacité. Pour une capacité élevée, utilisez les éléments suivants : pas d’échafaudage et simplement des questions. Ensuite, pour la capacité moyenne, incluez des conseils utiles ou des points de départ pour les premières questions. Enfin, pour les élèves à faibles capacités, ayez un point de départ ou un cadre pour la majorité des questions, ou incluez un exemple concret. Par conséquent, une fois que vous avez les questions auxquelles vous souhaitez que les élèves répondent, seuls des ajouts mineurs sont nécessaires afin de se différencier pour toutes les capacités.

dire non

6. Savoir dire « NON » et fixer des limites

Refuser les demandes des autres, c’est affirmer ses choix, et se faire respecter… Pour cela, il faut oser  dire «non», que ce soit à des parents d’élèves, à des professeurs, ou à d’autres encore. Mais, vous ne pouvez pas dire « non » à un élève qui a besoin de vous, ou à votre directeur qui vous demande de la documentation. Tout simplement, fixez des limites claires qui vous rendent efficace.

Lire aussi : Comment les enseignants peuvent apprendre à dire NON ?

7. Utilisez la nouvelle technologie

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont de plus en plus considérées comme faisant partie du système éducatif moderne. L’enseignant est appelé à les utiliser parce qu’elles lui apportent une valeur ajoutée. En effet, la technologie aide l’enseignant à capter l’attention et  à stimuler chaque apprenant. De plus, l’enseignant peut se connecter avec des salles de classe à travers le monde, en utilisant des plateformes en ligne comme : des tableaux collaboratifs, MoodleClassDojo. La technologie facilite la différenciation pédagogique. Des activités peuvent être créées pour correspondre aux besoins de chaque élève. Aussi, l’enseignant peut discuter et échanger avec d’autres enseignants du monde entier pour trouver des idées pour atteindre efficacement ses élèves. Par ailleurs, l’enseignant peut partager facilement le travail de ses élèves avec les parents.

8. Prioriser des tâches

Certains enseignants consacrent plus de temps à préparer et faire des tâches qui auront, au final, une importance moindre. C’est pourquoi les enseignants doivent planifier pour simplifier l’acte d’enseignement et pour satisfaire leurs besoins personnels. La priorisation des tâches est une compétence indispensable à cultiver. Les enseignants disposent d’un temps limité pour faire un très grand nombre de tâches. Pour que l’enseignant soit organisé et efficace, il doit lister toutes les tâches à accomplir. Après cela, il doit classer ces tâches : ce qu’il doit faire personnellement, ce qu’il peut déléguer, ainsi que les délais d’action.

Les enseignants peuvent utiliser les instruments suivants pour organiser, et planifier leurs tâches :

  • L’ordinateur pour stocker et gérer les contenus d’apprentissage.
  • Des fichiers, des dossiers, des classeurs, des boîtes d’archives pour organiser les documents de cours.
  • Les listes de tâches à faire sont un outil de gestion à court terme et à long terme.
  • Échéancier synoptique : cet outil nous donne, en un seul coup d’œil, le plan d’ensemble d’un projet, ou d’un cours. Cet outil assure une vision panoramique à long terme. De plus, il aide l’enseignant à définir les vraies urgences et à proposer les différentes activités à un projet.

9. Evaluer moins, évaluer mieux

L’évaluation joue un rôle très important, car elle fournit des renseignements utiles pour guider l’enseignement. En effet, elle aide les enseignants à connaître comment les élèves apprennent, et la façon dont ils enseignent. Cependant, les enseignants et les enseignantes s’inquiètent du poids des évaluations. L’évaluation par les notes est devenue envahissante dans les systèmes éducatifs. Les élèves ne travaillent plus pour le plaisir d’apprendre, mais pour les notes. Cependant, l’évaluation est un domaine d’innovation. C’est pourquoi les enseignants sont appelés à évaluer leurs élèves d’une façon intelligente. Par exemple :

Le portfolio ou portefeuille de compétences

Le portfolio est une approche nouvelle en rupture avec les examens traditionnels. Cet outil d’évaluation réunit les meilleurs travaux produits par l’élève et permet de documenter le développement des compétences. Il aide l’enseignant à connaître les forces et les difficultés de ses élèves.

La stratégie Minute Paper

C’est une stratégie efficace et efficiente qui est à la fois un outil d’évaluation en classe et un système de rétroaction. Minute Paper est une courte activité d’écriture en classe dans laquelle les élèves répondent aux questions posées par l’enseignant.

Par exemple, les élèves répondent aux questions comme « énumérer deux détails importants qui ont été abordés dans la séance d’aujourd’hui » ou « quel est le concept abordé dans la séance précédente ? ». Ces questions poussent les élèves à réfléchir sur la leçon enseignée et fournissent des commentaires concernant leur compréhension. Cela aide les enseignants à bien planifier le prochain cours.

L’auto-évaluation par l’élève

Cette méthode d’évaluation permet à l’élève de recueillir des données sur ses compétences et ses apprentissages. C’est une forme de réflexion sur ce que l’élève a appris et sur la façon dont il a appris. Par ailleurs, il découvre ses points forts et ses points faibles.

La carte conceptuelle

Une carte conceptuelle est un outil graphique qui représente les relations entre des concepts et des idées. Cet outil développe des habiletés de synthèse et permet à l’élève de montrer visuellement sa compréhension d’un concept, d’une question.

10. Intégrer la méthode alternative pour enseigner

Les enseignants ne sont pas obligés de mettre en place tous les points donnés dans le système classique. Ils peuvent utiliser des pédagogies alternatives comme Montessori, Steiner, Freinet, etc. Ces méthodes sont variées, mais ont un point commun : l’enfant est unique et ne doit pas être perdu dans une masse. Le plus important pour ces écoles alternatives, c’est que chaque enfant puisse apprendre à son rythme. L’élève est considéré comme le premier artisan de ses apprentissages. Parmi ces pédagogies :

La pédagogie Montessori

Dans les écoles Montessori, chaque enfant est unique. Il est libre de choisir ses activités. Maria Montessori a développé du matériel pour répondre aux besoins de chaque enfant. Elle insiste sur l’éveil sensoriel. En d’autres termes, la main joue un rôle important dans le développement de chaque enfant. Les enseignants doivent laisser les élèves toucher et manipuler le plus possible de choses autour d’eux.

La pédagogie Freinet

C’est une pédagogie active basée sur les principes suivants:

  • L’expression libre de l’enfant à travers des outils comme les textes libresla correspondancel’imprimerie et le journal scolaire.
  • Le « tâtonnement expérimental » c’est-à-dire que l’enfant apprend tout en expérimentant en fonction de ses besoins. 
  • Une école ouverte sur la vie.
24 compétences dont ont besoin les enseignants

les qualités d’un bon enseignant

Les compétences nécessaires pour enseigner efficacement impliquent plus qu’une simple expertise dans un domaine académique. Un bon enseignant a plusieurs qualités :

POSITIF

Gardez vos élèves engagés avec une attitude positive. L’enseignement est plus efficace lorsque les élèves sont motivés par le désir d’apprendre, plutôt que par les notes ou les exigences du diplôme. Considérez vos élèves comme des coéquipiers, pas comme des adversaires. L’apprentissage et l’enseignement sont des défis, mais cela ne signifie pas que vous ne pouvez pas vous amuser en classe. Restez concentré, mais n’ayez pas peur d’être créatif et innovant. Permettez-vous d’être enthousiaste et trouvez des moyens de montrer aux élèves ce qui est intéressant dans votre sujet.

PRÉPARÉ

Vous devez connaître le matériel de cours. Passez en revue les concepts et les idées clés si vous n’êtes pas au clair à leur sujet, en particulier si cela fait longtemps que vous n’avez pas travaillé sur les sujets que vous allez enseigner. Réfléchissez à la manière la plus efficace de démontrer le matériel et concevez une stratégie. Rédigez un plan ou prenez des notes à suivre pendant une conférence et préparez vos transparents, diagrammes, documents et autres supports bien à l’avance. N’attendez pas le matin du cours !

ORGANISÉ

Ayez un plan de cours pour ce que vous voulez enseigner. Votre travail est d’illustrer les points clés et le contexte essentiel, d’aider les étudiants à intégrer l’ensemble de leur travail (lecture, laboratoires, examens, articles, cours magistraux, etc.) pour le cours. Étant donné qu’il n’y a jamais le temps de tout enseigner, choisissez les concepts les plus importants et montrez comment ils sont liés. Expliquez les idées afin que les élèves puissent s’appuyer sur des éléments qu’ils ont déjà maîtrisés, que ce soit dans votre cours ou dans les cours précédents. Ne vous concentrez pas uniquement sur ce que vous enseignez aujourd’hui. Montrez aux élèves comment ce qu’ils apprennent maintenant, est lié à la matière abordée plus tard dans le cours.

CLAIR

Les enseignants efficaces peuvent expliquer des idées complexes de manière simple. Au fur et à mesure que vous développez une expertise dans un domaine académique, il est facile d’oublier que les étudiants peuvent n’avoir aucune connaissance au préalable des concepts fondamentaux que vous tenez pour acquis. Aidez les élèves à comprendre et à utiliser une nouvelle terminologie, afin qu’ils puissent parler couramment la langue de votre discipline. 

ACTIF

Faites réfléchir vos élèves. À moins qu’ils n’utilisent activement les concepts que vous enseignez, la plupart des élèves ne se souviendront que d’une petite fraction de ce que vous enseignez. Un cours magistral est un moyen efficace de fournir des informations à un grand nombre de personnes. Cependant, c’est un moyen inefficace de fournir aux étudiants des connaissances et des compétences durables. Envisagez de consacrer au moins un peu de temps en classe à des activités autres que celles des cours traditionnels, par exemple, des discussions ou des sessions de questions et réponses. Les exercices de résolution de problèmes en petits groupes ne peuvent pas prendre plus de quelques minutes, tout en permettant aux élèves de s’engager dans la matière.

PATIENT

Donnez aux élèves le temps de traiter les informations et de répondre aux questions. Sachez que les élèves peuvent faire des erreurs s’ils peuvent en tirer des leçons. Sachez que l’apprentissage peut être un travail difficile, même pour les étudiants les plus motivés. Plutôt que de blâmer les élèves lorsque les choses ne vont pas bien, envisagez plutôt des moyens de changer votre approche pour les atteindre plus efficacement.

Sources :

  • cndls.georgetown.edu/atprogram/twl/effective-teacher/
  • teachsmartwithme.com/work-smarter-not-harder-as-a-teacher/
  • mytutor.co.uk/schoolsblog/2019/03/11/5-tips-work-smart/

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