Didactique : définition claire et complète
La didactique, au sens propre, désigne l’étude de ce qui rend un savoir enseignable.
Didactique : la définition la plus simple pourrait être : réfléchir à comment organiser un contenu pour qu’il devienne compréhensible et formateur.
Et cette question — comment faire comprendre un contenu ? — traverse toute pratique enseignante.
Car on peut faire un cours clair, précis, structuré… et constater que les élèves ne comprennent pas.
Alors, qu’est-ce que la didactique dans l’enseignement ?
C’est justement ce qui nous aide à penser ces écarts entre “ce qui est dit” et “ce qui est compris”.
Didactique : une définition ancrée dans la pratique
La didactique est une discipline des sciences de l’éducation.
Elle étudie les conditions dans lesquelles un savoir peut être transmis, compris, approprié.
Autrement dit, elle se demande :
- Comment choisir ce que l’on enseigne ?
- Comment structurer une notion ?
- Quels exemples, quelles formulations peuvent aider ou freiner la compréhension ?
- Et pourquoi certains savoirs “passent”, d’autres non ?

La didactique n’est pas une méthode d’enseignement unique.
C’est une démarche didactique, une façon d’interroger le lien entre le savoir, l’élève et l’enseignant.
Elle permet de penser l’enseignement autrement que comme un simple transfert.
Trois définitions reconnues :
Pour éclairer ce que recouvre cette notion, voici trois définitions majeures :
- Marguerite Altet (2002) :
« La didactique est la science des conditions de transmission, d’appropriation et de construction des savoirs. » - Yves Chevallard (1985) :
« La didactique étudie les processus de transformation d’un savoir savant en savoir enseignable, puis enseigné. » - Philippe Meirieu :
« La didactique oblige l’enseignant à interroger la légitimité de ce qu’il transmet et la manière dont il le transmet. »
Ces auteurs montrent que la théorie didactique n’est pas une abstraction.
Elle aide à faire des choix pédagogiques plus justes, plus éclairés.
Le triangle didactique : penser la relation à trois
Jean Houssaye propose un outil simple et puissant pour représenter l’acte d’enseigner : le triangle didactique.
Ce triangle relie :
- le savoir (ce qu’on veut faire apprendre),
- l’élève (celui qui apprend),
- l’enseignant (celui qui met en scène la rencontre).
Dans toute situation d’enseignement, ces trois pôles interagissent.
Et dès qu’un élément change, l’équilibre se modifie.
Cette approche didactique nous invite à ne plus penser l’enseignement comme un “face-à-face”, mais comme un système vivant, où le contenu compte autant que les relations.
De la méthode à la conscience professionnelle
On confond parfois didactique et méthode. Mais la méthode didactique n’est pas une recette.
C’est un exercice de lucidité professionnelle. Elle pousse à se demander, à chaque étape :
- Pourquoi ce contenu ?
- Pourquoi de cette manière ?
- Que peuvent en faire mes élèves ?
En ce sens, la didactique est un levier puissant pour enseigner avec conscience, au-delà des habitudes ou des injonctions.
Didactique et pédagogie : mieux distinguer pour mieux enseigner
Dans les discours sur l’école, on utilise souvent les mots didactique et pédagogie comme s’ils étaient interchangeables. Pourtant, ils ne renvoient pas exactement aux mêmes choses.
- La pédagogie concerne d’abord la relation éducative. Elle s’intéresse à l’élève dans sa globalité : ses émotions, ses comportements, ses besoins. Elle pose des questions comme : Comment créer un cadre bienveillant ? Comment soutenir la motivation ?
- La didactique, elle, se concentre sur le contenu à enseigner. Elle interroge : Qu’est-ce que je veux faire apprendre ? Comment le structurer ? Qu’est-ce qui peut faire obstacle à sa compréhension ?
Autrement dit : la pédagogie regarde le lien enseignant–élève, la didactique observe la relation au savoir.
Les deux sont complémentaires. Mais les confondre, c’est se priver d’outils essentiels.
La didactique générale et les types de didactique
On parle souvent de didactique générale pour désigner les principes applicables à toute situation d’enseignement, quelle que soit la discipline. Par exemple :
- L’importance de la progressivité
- Le rôle de l’explicitation
- Le lien entre erreurs et apprentissages
Mais il existe aussi des types de didactique spécifiques à chaque matière : les didactiques disciplinaires.
Elles prennent en compte les logiques propres à chaque champ de savoir.
- En mathématiques, on travaille sur la modélisation et les procédures.
- En histoire, on construit des récits et on analyse des sources.
- En EPS, on développe des gestes techniques et des compétences motrices.
Ces approches didactiques disciplinaires ne sont pas des variantes “pratiques” : elles permettent de penser le contenu lui-même, et d’éviter une pédagogie trop générale ou déconnectée du savoir.
Deux concepts essentiels
🔹 La méthode didactique : penser avant d’enseigner
Il ne s’agit pas d’une “fiche à suivre”, mais d’une attitude réflexive.
Une méthode didactique, c’est d’abord une façon de préparer son cours en posant les bonnes questions :
- Quel est l’objectif didactique de cette séquence ?
- Que doivent comprendre les élèves à la fin ?
- Quels obstacles puis-je anticiper ?
🔹 La théorie didactique : un cadre pour comprendre
La théorie didactique s’appuie sur des recherches menées depuis les années 1970 (Chevallard, Brousseau, Vergnaud…).
Elle offre des outils pour penser :
- les malentendus d’apprentissage,
- les effets inattendus des consignes,
- ou encore les “règles invisibles” qui s’installent en classe.
Cette théorie ne donne pas des réponses toutes faites.
Mais elle aide à poser des hypothèses, à interpréter les réactions des élèves, et à ajuster son enseignement avec plus de lucidité.
En résumé
La didactique générale donne des repères transversaux.
Les types de didactique approfondissent ce lien au savoir dans chaque discipline.
Et la théorie didactique permet de prendre du recul, pour comprendre ce qui se joue au-delà des apparences.
En articulant ces niveaux, l’enseignant devient non seulement un passeur de savoirs, mais aussi un analyste de sa propre pratique.
La didactique dans la classe : pour mieux faire apprendre
Enseigner, ce n’est jamais neutre. Chaque décision compte :
– le contenu que l’on retient,
– les exemples choisis,
– la façon de formuler une consigne.
La didactique, dans la pratique, c’est ce qui permet de penser ces choix.
Elle ne se substitue pas à l’expérience, mais l’éclaire.
Une approche didactique bien construite permet à l’enseignant :
- de mieux anticiper les difficultés,
- de structurer sa séquence,
- et de faire évoluer son cours en fonction de ce qu’il observe.
De l’obstacle à la compréhension
Il arrive qu’un élève échoue… sans que ce soit un manque de travail ou d’attention.
Souvent, c’est le contenu lui-même qui fait obstacle.
La didactique parle alors d’obstacle didactique. Il s’agit d’un blocage lié au savoir, à sa complexité, ou à une représentation erronée.
Exemples :
- Confondre périmètre et aire, parce qu’on associe les deux au “tour” d’une figure.
- Croire qu’un mot inconnu rend toute la phrase incompréhensible.
- Penser qu’un poème n’a pas de sens “à comprendre”.
Repérer ces obstacles ne veut pas dire “simplifier le savoir” :
Cela permet de l’enseigner autrement, avec plus de justesse.
Construire une séquence avec méthode
Une méthode didactique, ce n’est pas une recette toute faite.
C’est une manière de penser chaque étape de la séance ou de la séquence.
- Quel est l’objectif didactique ?
- Quel type d’activité permet de le travailler en profondeur ?
- Comment faire progresser l’élève d’un premier niveau de compréhension vers une autonomie réelle ?
Il s’agit là d’une démarche didactique, faite d’aller-retours entre le terrain et la réflexion.
Une bonne séquence n’est pas une suite d’exercices, mais un chemin vers le sens.
Agir, observer, ajuster
La classe n’est jamais un cadre figé. Ce qui marche un jour peut échouer le lendemain.
Un élève peut progresser… puis régresser.
Un bon cours peut ne produire aucun effet.
La didactique invite alors à observer sans juger, à se poser des questions, à ajuster ses pratiques en fonction de ce qui est réellement en train de se passer.
Devenir un praticien réflexif
Intégrer les principes de la didactique dans sa pratique, ce n’est pas faire “plus compliqué”.
C’est refuser de faire “machinalement”.
C’est se situer comme professionnel du savoir, conscient :
- de ce qu’il enseigne,
- de ce que cela exige des élèves,
- et de ce que cela suppose comme posture d’accompagnement.
Dans toutes les disciplines, et quels que soient les élèves, cette posture fait la différence.
Enseigner, c’est penser ce qu’on transmet
Enseigner, ce n’est pas seulement transmettre des connaissances.
C’est faire des choix.
C’est décider ce qui mérite d’être enseigné, comment le présenter, et dans quel but.
Ces choix ne sont pas toujours conscients.
Mais ils ont toujours des effets : sur les élèves, sur les représentations du savoir, sur la manière d’apprendre.
La didactique, en ce sens, n’est pas une science froide ou technique.
C’est une posture de vigilance.
Elle nous aide à mieux voir ce que nous faisons — et ce que cela produit.
Une pratique éclairée par une théorie vivante
Il existe aujourd’hui une théorie didactique riche et structurée, née dans les années 1970, portée par des chercheurs comme Yves Chevallard, Guy Brousseau, Jean-Louis Martinand, ou encore Gérard Vergnaud.
Leurs travaux ont donné aux enseignants des outils puissants :
- pour comprendre les erreurs des élèves,
- pour anticiper les malentendus,
- pour construire des situations d’apprentissage plus efficaces.
Mais surtout, ils ont permis de reconnaître que le métier d’enseignant est un métier de conception.
Conception de contenus, de parcours, de mises en activité.
Un métier intellectuel, créatif et profondément humain.
Revenir à l’intention première : faire apprendre
Tout enseignant se fixe un objectif didactique, parfois sans même le formuler clairement.
- Faire comprendre une notion.
- Faire entrer dans une logique.
- Faire émerger une compétence.
La didactique permet de mettre des mots sur cette intention.
Elle offre un cadre pour structurer la progression.
Et elle aide à ajuster son enseignement quand les effets attendus ne sont pas au rendez-vous.
Ne pas avoir toutes les réponses… mais de meilleures questions
Comme le dit Philippe Meirieu :
« Le métier d’enseignant n’est pas d’avoir réponse à tout, mais d’apprendre à poser de bonnes questions. »
La démarche didactique, au fond, c’est cela.
- C’est refuser de faire “comme d’habitude” sans réfléchir.
- C’est accepter d’observer, de douter, de se remettre en question.
- C’est prendre au sérieux le savoir, l’élève, et la manière dont ils se rencontrent.
FAQ – Tout comprendre sur la didactique
Que veut dire “didactique” en éducation ?
La didactique désigne l’étude des conditions dans lesquelles un savoir peut être enseigné, compris et réinvesti par les élèves.
Elle s’intéresse à la relation entre le savoir, l’élève et l’enseignant, et cherche à mieux comprendre comment se construit l’apprentissage à travers cette relation.
Quelle est la différence entre pédagogie et didactique ?
- La pédagogie s’intéresse surtout à la relation éducative : motivation, gestion de classe, posture de l’enseignant.
- La didactique, elle, se concentre sur le contenu : quoi enseigner ? comment structurer le savoir ? quels obstacles peuvent apparaître ?
On enseigne toujours à quelqu’un, quelque chose, d’une certaine manière : pédagogie et didactique sont donc complémentaires.
Qu’est-ce que la didactique générale ?
La didactique générale regroupe les principes qui s’appliquent à toutes les disciplines :
- explicitation des objectifs,
- progressivité des apprentissages,
- analyse des erreurs,
- gestion du contrat didactique.
Elle sert de socle commun à toutes les didactiques disciplinaires.
Quels sont les types de didactique ?
On distingue généralement :
- La didactique générale (transversale à toutes les disciplines)
- Les didactiques disciplinaires (mathématiques, français, histoire, EPS, etc.)
- La didactique professionnelle (orientée vers les gestes du métier)
Ces types de didactique partagent un même objectif : mieux comprendre comment un élève apprend un savoir donné.
Existe-t-il une méthode didactique unique ?
Non. Il n’existe pas de méthode didactique universelle.
La didactique propose des démarches, des outils d’analyse, des cadres de réflexion, mais laisse à chaque enseignant la responsabilité de construire ses propres séquences, adaptées à ses élèves et à sa discipline.
Pourquoi intégrer la didactique dans la formation des enseignants ?
Parce que cela permet :
- de mieux comprendre ce que l’on fait en classe,
- d’anticiper les obstacles à l’apprentissage,
- d’ajuster les pratiques en fonction des élèves,
- et de devenir un enseignant plus conscient et plus libre dans ses choix.
C’est aussi un levier puissant pour la réussite de tous les élèves
Une conclusion… qui ouvre
Il ne s’agit pas ici de conclure, mais d’ouvrir.
- À une formation plus exigeante, fondée sur l’analyse des pratiques.
- À une culture partagée entre enseignants, chercheurs et formateurs.
- Et surtout, à une idée forte : mieux enseigner, c’est d’abord mieux comprendre ce qu’on fait en classe.
Bibliographie
- Altet, M. (1994). La formation professionnelle des enseignants. Paris : Presses Universitaires de France.
- Altet, M. (2006). Les pédagogies de l’apprentissage. Paris : Presses Universitaires de France.
- Chevallard, Y. (1985). La transposition didactique : Du savoir savant au savoir enseigné. Grenoble : La Pensée Sauvage.
- Meirieu, P. (1987). Apprendre… oui, mais comment ? Paris : Éditions ESF.
- Meirieu, P. (1989). Enseigner : Scénario pour un métier nouveau. Paris : Éditions ESF.
- Vinatier, I., & Altet, M. (2008). Analyser et comprendre la pratique enseignante. Rennes : Presses Universitaires de Rennes.
gracias muy util para mi tesis de maestria
J’aimerais comparer votre guide avec mes connaissances et expériences sur le sujet. Je possède un Bsp en Enseignement Professionnel-Électrotechnique , UQAM 1975.
Bonjour Monsieur, je suis monsieur Daniel kalala , enseignant de didactiquespéciale de l’histoire dans une institution pédagogique au congo Kinshasa. Merci de vos explications. Je voudrais vous contacter pour plus des détails.
Merci
Site plein d’informations pour les enseignents chercheurs
Quelle source idéale ! C’est magnifique.
bonjour Monsieur! je suis Souleymane camara, étudiant au master philosophie à l’université général Lansana conté de sonfoniah / Guinée conakry.
merci pour ce grand travail! mais aidez moi à faire la différence entre la didactique et la didaxologie
Bien dit !
Bonjour monsieur
Je suis enseignant des didactiques générale et des disciplines. Merci et courage, ayant l’esprit scientifique afin de nous permettre à télécharger cette matière car je sais bien que l’objectif est d’informer, former tout le monde qui a des lacunes.
Merci Monsieur
Le contenu est très intéressant
Bonjour. Merci pour l’éclaircissement. J’aimerais encore que vous expliquiez davantage la différence entre didactique et pédagogie. Merci d’avance!
Salut » Monsieur merci pour cet exposé limpide. S’il vous plaît monsieur j’aimerais savoir l’importance des TIC dans l’éducation. Cela n’encouragera t-il pas la paresse.?? Ou bien le retrait du personnel d’encadrement au profil des TIC ? Merci