Culture scolaire

L’égalité des chances à l’école : définition et principes

L’égalité des chances à l’école est un enjeu majeur qui préoccupe les acteurs de l’éducation dans le monde entier. Bien que des avancées aient été réalisées pour réduire les inégalités scolaires, les inégalités persistent et freinent l’accès à l’éducation et la réussite des enfants. En effet, l’éducation est un levier essentiel pour favoriser l’épanouissement de chaque individu et lui offrir une chance de réussir dans la vie. Cependant, l’accès inégal à l’éducation ne permet pas à tous les enfants de bénéficier des mêmes conditions d’apprentissage, d’évaluation et d’orientation.

Par ailleurs, les concepts d’équité et d’égalité des chances sont très anciens. Dès l’Antiquité, le premier concept est théorisé par Aristote, tandis que le second ne manqua pas d’occuper une place centrale dans la conception de l’égalité développée il y a plus de deux siècles par les révolutionnaires.

L’égalité des chances à l’école : définition

Dans le sens littéral, le concept d’égalité implique une correspondance entre deux ou plusieurs termes, évaluée en fonction d’une échelle de valeurs ou de critères de préférence. Aujourd’hui, ce principe est devenu un objectif à atteindre pour les systèmes politiques, économiques et sociaux.

L’égalité des chances signifie que l’origine sociale des individus ne doit pas être un déterminant de leur position future dans la société. Autrement dit, la position sociale ne doit pas être déterminée par les caractéristiques sociales, ethniques, religieuses ou économiques de leurs prédécesseurs, mais plutôt par le service qu’ils peuvent rendre à la société ou à la civilisation. Ce principe méritocratique vise à réduire l’inégalité des positions sociales, non pas en luttant contre les discriminations qui entravent la réalisation du mérite, mais en encourageant une compétition juste entre des individus égaux pour occuper des positions sociales hiérarchisées.

De plus, la qualité du système éducatif est l’un des principaux facteurs permettant de garantir l’égalité des chances. Les différences dans les probabilités d’accès aux différents niveaux d’enseignement, en fonction des origines sociales, sont un problème majeur. Il est important de souligner l’impact du milieu familial des élèves et de la situation géographique des établissements sur le rendement de l’apprentissage.

Principe d’égalité des chances à l’école

L’égalité des chances requiert que tous les élèves soient scolarisés dans le même établissement, qu’ils fassent face à une même compétition et qu’ils maîtrisent les compétences définies comme objectifs par le système éducatif, à un même degré d’expertise. De plus, ils doivent avoir les mêmes opportunités d’exploiter les compétences acquises.

Cependant, l’école, malgré cette égalité d’accès, n’a pas réussi à enrayer les inégalités de réussite, car l’origine sociale et la situation géographique des établissements demeurent intrinsèquement liées à la réussite scolaire. En outre, l’école n’est pas un arbitre impartial en raison de l’existence de la carte scolaire, qui crée une inégalité dans l’offre scolaire.

François Dubet, sociologue à l’université de Bordeaux, tend à définir ce que serait une école juste :

1. L’égalité distributive des chances

François Dubet dénonce les inégalités dans l’offre scolaire qui sont dues à des facteurs géographiques tels que les écarts entre les régions ou les différences entre les établissements d’une même ville, ainsi qu’à des inégalités de moyens et de stabilité des équipes pédagogiques. Afin de remédier à cette situation, il est essentiel d’égaliser l’offre scolaire, de développer une politique de discrimination positive ciblée sur les individus et les établissements, d’encourager les acteurs du système à interagir étroitement les uns avec les autres, en commençant par les parents, et de permettre la circulation des élèves, qui n’apprennent pas tous à la même vitesse.

2. L’égalité sociale des chances

Il est impératif que chaque membre de la société ait accès à une culture commune afin de bénéficier d’un bien commun. Par conséquent, il est essentiel de réexaminer le rôle de l’école dans la garantie de cette culture commune. La question est alors de savoir ce que chaque citoyen d’aujourd’hui doit savoir et quelles compétences de base et connaissances générales sont requises.

Dans cette optique, le collège devrait avoir pour finalité d’orienter les élèves vers des filières professionnelles et générales, avec une attention particulière portée aux compétences techniques. Le principe de la culture commune est d’atténuer les effets inégalitaires de la compétition scolaire, de protéger les élèves les plus vulnérables et de permettre une amélioration du niveau moyen tout en permettant aux meilleurs de se dépasser.

3. L’égalité individuelle des chances

Une école juste doit également être attentive aux différences individuelles des élèves, en termes de leurs histoires familiales et culturelles, ainsi que de leurs besoins éducatifs particuliers. Il est important de reconnaître que chaque élève est unique, et que leurs expériences et compétences varient considérablement. Ainsi, l’école doit être en mesure de s’adapter à ces différences individuelles et d’offrir des possibilités éducatives équivalentes à tous.

De plus, une école juste doit être sensible aux problèmes sociaux et économiques qui affectent la vie des élèves. Elle doit donc prendre en compte les difficultés rencontrées par les élèves issus de milieux défavorisés et leur offrir des opportunités éducatives équitables. Cette égalité des chances est essentielle pour permettre à chaque individu de réaliser son potentiel maximal et de contribuer à la société dans laquelle il vit.

En somme, l’école doit être un lieu d’épanouissement personnel et de développement des compétences nécessaires à la vie dans une société démocratique. Elle doit être une école qui non seulement transmet des connaissances, mais aussi qui contribue à l’épanouissement individuel et collectif de chacun.

La différence entre l’égalité des chances et l’égalité des places

On distingue deux concepts de justice sociale. Le premier, l’égalité des chances, considère que les conditions sociales de la compétition scolaire sont injustes car les enfants issus de milieux défavorisés ont moins de ressources que ceux issus de milieux aisés. Le but de ce principe est donc de réduire les inégalités initiales, ce qui permet ensuite de justifier les inégalités observées à la fin du parcours scolaire.

Le second concept, l’égalité des places, est un objectif plus souhaitable que l’égalité des chances. Il vise à réduire les inégalités entre les positions sociales, contrairement à l’égalité des chances qui maintient pour l’essentiel les inégalités. Ces deux concepts cherchent à réduire les inégalités sociales afin de les rendre acceptables, sinon parfaitement justes, dans notre société actuelle.

Des livres sur l’égalité des chances

L’école des chances. Qu’est-ce qu’une école juste ?

Qu’est-ce qu’une école juste ? C’est une école qui distingue le mérite de chacun indépendamment de sa naissance ou de son origine sociale. Telle est la réponse la plus courante et peut-être la plus forte. Reste qu’en pratique, la compétition du mérite n’empêche pas les inégalités sociales d’hypothéquer les destins individuels. Et ne préserve nullement les perdants d’une humiliation d’autant plus cruelle qu’on les a persuadés de leur médiocrité. Or, en démocratie, la justice se mesure d’abord au sort réservé aux plus faibles. Cet essai se place résolument du point de vue des vaincus du système.

« L’école des chances » exige un redéploiement de notre conception de l’égalité. Comment mieux traiter ceux qui ont moins ? Quelle est la meilleure façon de fonder une culture commune ? Comment conjurer le verrouillage des destins sociaux par le diplôme ? Et comment respecter la personne quand on sanctionne l’élève ? Autant d’interrogations qui appellent un peu de courage et d’audace : l’avenir de l’école ne se tient pas dans son passé.



Les Places et les chances. Repenser la justice sociale

Il existe deux manières de penser la justice sociale. La première, l’égalité des places, vise à réduire les inégalités entre les différentes positions sociales. La seconde, l’égalité des chances, cherche à permettre à tous les individus d’atteindre les meilleures positions au terme d’une compétition équitable. Aujourd’hui, en France comme partout dans le monde, l’égalité des chances tend à se substituer à l’égalité des places. L’égalité des chances, en effet, répond au désir d’autonomie et de mobilité des individus ainsi qu’aux exigences des groupes discriminés. Mais elle s’accommode de l’existence et même du développement des inégalités, tout en cristallisant les identités et en individualisant le contrat social.

François Dubet plaide, contre l’air du temps, en faveur de l’égalité des places : celle-ci réduit les inégalités et accroît la cohésion sociale dans la mesure où les acteurs ne s’engagent pas dans une compétition continue et anxiogène. Mieux, elle est elle-même en mesure de réaliser l’égalité des chances parce que la fluidité sociale est d’autant plus grande que la distance entre les places est resserrée. Mais une telle priorité suppose un renouvellement de l’État-providence et des politiques sociales.



Sources :

  • François DUBET(2004) « L’école des chances, qu’est-ce qu’une école juste ? »
  • François Dubet(2010) Les Places et les chances. Repenser la justice sociale

2 commentaires

  1. Utiliser le terme bon élève sous entend qu’il y a aussi de mauvais élèves et donc de mauvais enfants. Ce terme devraient être banni du vocabulaire d’un enseignant.

  2. Égalité des chances qu’elle bonne blague. Cela ne marche que dans un sens car malheureusement pour les enfants ( enfant unique) de parent qui travaillent ils n ont droit à rien. Non seulement les parents ne touchent pas allocation familiales, de rentrée scolaire, mais eux n ont pas droit à ma bourse et ce que je trouve encore plus scandaleux c est qu ils n ont même pas droit a la bourse au mérite. Donc si un enfant travaille très bien à l ecole decroche son brevet avec une mention très bien, a une attitude exemplaire en cours ben il n aura droit a rien car ces parents travaillent alors Égalité des chances laisser moi rire.

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