Conseil de carrière

Les enseignants face à une charge de travail plus lourde que jamais

« Les enseignants ne travaillent pas toute l’année. »

« La période est idéale pour être enseignant. »

« Que font les enseignants maintenant que les parents donnent des cours à leurs enfants ? »

Tout. Nous faisons absolument tout.

Voyez-vous, nous sommes nombreux à nous occuper de nos propres enfants, les enseignants y compris. Nous leur donnons des cours et croyez-le ou non, nous enseignons aussi à vos enfants.

Nous travaillons plus que les simples appels Zoom de 45 minutes où vous nous voyez. Contrairement aux croyances populaires, notre déconnexion de Zoom n’est pas immédiate. Nous ne fermons pas nos ordinateurs portables et ne prenons pas immédiatement une margarita pour passer le reste de la journée au bord de la piscine. 

Voyez-vous, tout commence la veille pour moi. Mon mari est un travailleur essentiel donc je suis seule à la maison. Seule, mais AVEC mes deux enfants. La veille, je prépare des livres de coloriage pour mon tout-petit pour le tenir occupé pendant que je donne mes cours en ligne. Lors d’une bonne journée, ses coloriages le tiendront assez longtemps occupé. Certains jours, je dois m’excuser de couper l’écran de l’ordinateur pour pouvoir donner plus de distractions à mon enfant. J’essaie alors de jongler entre les besoins de mes enfants ET ceux de mes écoliers. J’ai toujours été « maman » et « professeur » mais je n’ai jamais été aussi profondément immergée dans les deux rôles à la fois.

Après l’appel, j’enregistre mes préparations sur mon ordinateur et je lance le travail de mes élèves, tout en divertissant mon tout-petit. Avec pour fond sonore « maman, maman, maman », je vérifie du mieux que je peux l’avancement du travail de mes élèves, je réponds aux e-mails ou SMS des parents et j’essaie simplement de trouver un moment pour respirer. 

Il est très frustrant de penser que certains pensent que cette période est plus facile. Elle ne l’est pas. Chaque jour, j’ai l’impression d’être coincée dans une tornade sans fin d’incertitudes avec des listes interminables de cases à cocher. Quand je passe du temps avec mes élèves, je ressens la culpabilité des parents et quand je passe du temps avec mes enfants, je comprends la culpabilité des enseignants puisque je suis toujours en retard sur quelque chose dans mon travail. Il n’y a pas assez d’heures dans la journée et il n’y a certainement pas assez de temps pour « s’ennuyer ». 

Je ne pouvais pas imaginer à quel point il serait difficile de séparer ma vie privée et mon travail. Je l’ai compris quand j’ai eu à gérer, de manière inattendue, ces deux rôles en même temps. Je ne peux pas me permettre de laisser tomber l’un ou l’autre mais, en toute honnêteté, certains jours, je dois choisir. Certains jours, mes enfants connaissent ma meilleure version, et d’autres jours, je passe plus de temps à rattraper mon travail, mes notes et mes courriels qu’à m’occuper d’eux. Parfois, je suis en mode survie totale et je n’excelle dans aucun de ces deux rôles. Les meilleurs jours, j’arrive d’une manière ou d’une autre à tout garder à flot. 

Mes étudiants ? Beaucoup reçoivent le temps qu’ils méritent en famille et je ne pourrais pas être plus heureuse pour eux. Moi ? Eh bien, vous pourrez soit me trouver à mon bureau d’enseignante et de parent, soit me trouver enfermée dans la salle de bain essayant de retrouver un moment de paix à cause de la folie de cette situation.

La demande physique est très lourde. J’ai, physiquement, des petites mains qui tapotent mon épaule pour me demander une autre collation ou de l’aide et, à juste titre, elles méritent mon attention. J’ai aussi des petites voix qui me posent des questions via l’écran de l’ordinateur. Elles aussi méritent mon attention. D’une manière ou d’une autre, mon incapacité physique à répondre aux demandes de tout le monde devient mon propre problème mental. Cette situation pèse sur mon cœur plus que n’importe quelle petite personne sur mes genoux ou en attente d’aide sur mon écran.

C’est ce sentiment de vouloir faire de mon mieux, mais de me sentir incapable de faire tout ce que l’on attend de moi qui me mine chaque jour. Ce sentiment ne disparaît jamais. Il est constant, à partir du moment où je me réveille jusqu’au moment où je commence à parcourir mes plans pour le lendemain. Même si mes yeux se reposent plus et que mon corps doit être plus détendu, c’est mon état d’esprit qui est mis à mal. Il m’attire dans des profondeurs sombres, je peux le sentir ramper sur moi et je dois me battre constamment. Mes élèves semblent joyeux, mais moi, je ne suis pas sûre d’aller bien. 

J’aimerais savoir comment y remédier, j’aimerais savoir comment rendre les choses plus faciles, mais même en pantalon de pyjama, le travail le plus difficile le devient encore plus.


Par WhitneyBallard, Traduit et adapté par équipe BienEnseigner

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