Conseil de carrière

Les enseignants sont épuisés de devoir prendre plus de mille décisions chaque jour

« Je suis fatiguée », a déclaré Whitney Ballard, une écrivaine et enseignante de l’état d’Alabama. Dans son article, elle décrit sa vie professionnelle après une journée fatigante.

Voici son témoignage :

J’ai pensé à mes pieds écrasés dans mes Sketchers en mousse à mémoire de forme. Ça me ferait du bien de m’asseoir, bien sûr, mais ce n’est pas ce que je voulais dire quand la fatigue me frappait comme un train de marchandises quelques heures plus tôt. Je ne ressentais pas un épuisement physique.

J’avais comme le sentiment que mon esprit avait arrêté de traiter les informations, dans une certaine mesure. J’ai ressenti un blocage mental lorsque j’essayais de donner une leçon ou de répondre à une question. Je ne pouvais tout simplement pas le faire. J’avais désespérément besoin de débrancher mon cerveau.

Je me suis surprise à tomber dans une haine de moi-même : « Pourquoi est-ce que je ne peux pas m’en occuper ? »« Pourquoi est-ce que je ne peux pas dépasser ça ? »

Plutôt que d’éteindre mon cerveau, j’ai voulu prendre un temps de réflexion. Je me suis demandée pourquoi je me sentais de cette façon, et j’ai compris.

Les enseignants sont des décideurs ultimes. 

Pas une seule fois ce jour-là, cette semaine-là, il n’y a eu un moment où je ne prenais pas de décision.

J’étais décisionnaire dans les questions posées à voix haute pour lesquelles j’étais chargée de répondre : « Puis-je emprunter un crayon ? » « Puis-je avoir un jour supplémentaire pour terminer ? » « Pouvez-vous envoyer ce maquillage au bureau ? » « Pouvez-vous appeler les parents de cet élève ? » « Pouvez-vous surveiller ma classe ? » « Pouvez-vous travailler pendant le match de basket ? » « Pouvez-vous faire ceci, noter cela, aider celui-ci, terminer cela ? »

Plus intimidant encore, je devais répondre à des questions intérieures, des questions que je me posais à moi-même : « Dois-je lui demander si elle va bien ? J’espère que rien ne se passe à la maison. » « Dois-je l’aider davantage ou le laisser apprendre de ses erreurs ? » « Dois-je terminer la notation des essais de la semaine dernière pendant ma période de planification ou faire des copies ? Aurai-je le temps de faire les deux ? » « Dois-je revenir sur certaines notions ou aller de l’avant ? » La prise de décision est sans fin et les choix, incessants.

Ce ressenti n’est pas que personnel. Selon les données recueillies par busyteacher.org, l’enseignant prend, en moyenne, 1 500 décisions par jour. Pour ceux d’entre nous qui ne sont pas professeurs de mathématiques, ce chiffre correspond à quatre décisions par minute. 

Ce nombre est peut-être surprenant pour certains, mais je suppose que les enseignants hocheront simplement la tête à sa connaissance. Ces résultats ne sont pas difficiles à croire si l’on considère que les enseignants sont censés être un soutien pour parfois des centaines d’étudiants, un directeur de classe, un éducateur, un créateur de contenu et bien plus encore.

Bref, nous prenons des décisions pour nous, mais aussi pour tous les jeunes qui nous entourent. Nous portons le poids de ces décisions. Nous sommes responsables de ces décisions une fois qu’elles ont été prises. Notre cerveau ressemble constamment à un navigateur Internet surchargé d’onglets ouverts. Nos esprits sont beaucoup trop comparables à des assiettes trop pleines. Nous tentons, malgré cela, de nous attaquer à une liste de tâches quotidiennes tout en réagissant simultanément à l’adversité à un rythme fulgurant. 

Je suis enseignante et quand je dis que je suis fatiguée, ce n’est pas parce que j’ai été debout toute la journée ou parce que j’ai dû réorganiser mes livres, mon bureau et d’autres petites choses. Ce n’est pas non plus parce que j’ai oublié de boire le café que j’ai laissé sur mon bureau. Et ce n’est pas non plus parce que j’ai fait cent allers-retours dans mon établissement aujourd’hui. 

C’est cette prise de décision, à chaque minute de ma journée, qui me rend insupportablement fatiguée. C’est cette même prise de décision qui, à mon avis, me donne une superpuissance en tant que leader, enseignante et voix pour mes élèves. Je pense pouvoir me faire des compliments en réalisant que je combats la pression que cette situation m’inflige. Je me réconforte en pensant au modèle que je donne à ma classe, de jeunes esprits impressionnables, dans la prise de bonnes décisions.


Par WhitneyBallard, Traduit et adapté par équipe BienEnseigner.

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