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Mémoire kinesthésique : test, définition et méthodes

Léa tente de mémoriser une poésie en la lisant plusieurs fois. Rien n’y fait. Mais lorsqu’elle se met à marcher tout en récitant, les mots s’ancrent enfin. Ce phénomène illustre un mode d’apprentissage trop souvent négligé : la mémoire kinesthésique.

Dans un système éducatif qui favorise l’écrit et l’écoute, ceux qui apprennent en bougeant se sentent parfois en décalage. Pourtant, leur mode de mémorisation est tout aussi efficace, à condition d’être compris et exploité.

Qu’est-ce que la mémoire kinesthésique ? Comment la reconnaître ? Comment en faire un atout dans l’apprentissage ? Cet article propose des réponses concrètes et des stratégies adaptées.

La mémoire kinesthésique : définition et caractéristiques

1. Qu’est-ce que la mémoire kinesthésique ?

La mémoire kinesthésique repose sur le mouvement, la manipulation et l’expérimentation. Elle s’active lorsque l’on écrit, mime, manipule des objets ou se déplace en apprenant.

Howard Gardner, dans sa théorie des intelligences multiples, parle d’intelligence kinesthésique : une forme d’intelligence où l’apprentissage passe par le corps. Cette mémoire est essentielle pour les sportifs, artisans, chirurgiens ou musiciens, mais elle joue aussi un rôle clé dans la scolarité.

2. Les signes d’une mémoire kinesthésique

Plusieurs indices permettent d’identifier une mémoire kinesthésique dominante :

  • Difficulté à rester immobile en classe ou en réunion.
  • Besoin de manipuler, d’écrire ou de bouger pour retenir une information.
  • Apprentissage facilité par l’action, les expériences concrètes ou les jeux de rôle.
  • Forte gestuelle lorsqu’on explique une idée.

Si ces éléments vous parlent, votre mémoire kinesthésique est probablement dominante.

Test : avez-vous une mémoire kinesthésique ?

Ce test rapide permet d’évaluer votre mode d’apprentissage.

1. Vous préparez un voyage vers une destination inconnue. Comment vous organisez-vous ?

  • A) Vous regardez une carte ou un plan.
  • B) Vous demandez des indications à quelqu’un.
  • C) Vous écrivez l’itinéraire détaillé ou consultez un guide.
  • D) Vous effectuez un essai en suivant un itinéraire approximatif.

2. Vous devez apprendre à utiliser un nouvel appareil. Que faites-vous ?

  • A) Vous regardez un schéma ou une vidéo explicative.
  • B) Vous écoutez quelqu’un vous expliquer son fonctionnement.
  • C) Vous lisez le manuel d’instructions.
  • D) Vous l’expérimentez directement en testant les différentes options.

3. Lors d’une réunion ou d’un cours, ce qui vous aide le plus à retenir l’information est :

  • A) Observer des graphiques, des tableaux ou des présentations.
  • B) Écouter attentivement les explications.
  • C) Prendre des notes et lire des documents.
  • D) Participer activement, poser des questions et manipuler des objets.

4. Vous devez retenir le nom d’une nouvelle personne. Comment y arrivez-vous le mieux ?

  • A) Vous visualisez son visage et son nom écrit.
  • B) Vous répétez son nom à voix haute plusieurs fois.
  • C) Vous l’écrivez ou vous lisez son badge.
  • D) Vous l’associez à un geste ou une action effectuée ensemble.

5. Vous devez suivre une recette pour préparer un plat. Vous préférez :

  • A) Regarder une vidéo ou des images illustrées de la recette.
  • B) Écouter quelqu’un vous expliquer les étapes.
  • C) Lire les instructions détaillées étape par étape.
  • D) Commencer directement en testant les ingrédients et les quantités.

6. Quand vous apprenez une nouvelle compétence, vous préférez :

  • A) Observer quelqu’un faire avant d’essayer.
  • B) Écouter des explications claires et détaillées.
  • C) Lire un manuel ou des instructions.
  • D) Essayer vous-même et apprendre en pratiquant.

7. Vous devez vous souvenir d’un numéro de téléphone. Comment faites-vous ?

  • A) Vous le visualisez écrit dans votre tête.
  • B) Vous le répétez plusieurs fois à voix haute.
  • C) Vous l’écrivez sur un papier ou un appareil.
  • D) Vous le tapez directement sur votre téléphone plusieurs fois pour le mémoriser.
  • Majorité de AMémoire visuelle : Vous apprenez mieux en observant des images, schémas et supports graphiques.
  • Majorité de BMémoire auditive : Vous retenez mieux en écoutant et en répétant à voix haute.
  • Majorité de CMémoire lecture/écriture : Vous préférez lire, écrire et prendre des notes pour apprendre.
  • Majorité de DMémoire kinesthésique : Vous assimilez mieux en bougeant, en testant et en manipulant directement.

Si vos réponses sont équilibrées entre plusieurs catégories, cela signifie que vous utilisez différents types de mémoire en fonction du contexte.

Les différentes formes de mémoire kinesthésique

La mémoire kinesthésique ne se limite pas au mouvement global. Elle se décline en plusieurs formes :

  • Mémoire kinesthésique fine : liée à la précision des gestes (écriture, dessin, couture).
  • Mémoire kinesthésique globale : impliquant des mouvements larges (danse, sport, théâtre).
  • Mémoire tactile : s’appuyant sur le toucher et la manipulation d’objets.

Ces distinctions permettent d’adapter encore mieux les stratégies d’apprentissage.

Comparaison avec les autres types de mémoire

Chaque individu possède une combinaison unique de mémoires.

Type de mémoireMode d’apprentissage privilégiéExemples d’application
VisuelleRetenir en regardantLire, observer des schémas
AuditiveRetenir en écoutantÉcouter un cours, une discussion
KinesthésiqueRetenir en bougeant, manipulantExpérimenter, écrire, mimer

Mieux se connaître permet d’adapter ses méthodes et d’éviter les frustrations liées à un mode d’apprentissage inadapté.

Comment apprendre efficacement avec une mémoire kinesthésique ?

Apprendre en bougeant est possible, à condition d’adopter des stratégies adaptées. Que l’on soit élève, étudiant ou adulte, il existe des méthodes concrètes pour tirer parti de la mémoire kinesthésique.

1. Stratégies pour les élèves

En classe, les élèves kinesthésiques rencontrent souvent des difficultés à rester concentrés lors des cours magistraux. Voici quelques techniques pour optimiser leur apprentissage :

  • Écrire et marcher : relire une leçon tout en bougeant permet de mieux la mémoriser.
  • Utiliser des objets : manipuler des perles pour apprendre à compter, utiliser des cartes à déplacer pour mémoriser du vocabulaire.
  • Mimer les concepts : jouer une scène pour retenir une leçon d’histoire ou de littérature.
  • Dessiner des schémas : transformer une leçon en carte mentale ou en illustration pour en faciliter la compréhension.
  • Travailler en petits groupes : échanger et manipuler du matériel pédagogique aide à ancrer les notions.

2. Stratégies pour les étudiants et adultes

Les adultes et étudiants kinesthésiques peuvent rencontrer des difficultés dans les formations longues basées sur l’écoute passive. Quelques adaptations peuvent faire la différence :

  • Prendre des notes activement : écrire à la main plutôt que d’écouter passivement permet de mieux retenir. Une bonne alternative pour les apprenants kinesthésiques est le sketchnoting, qui combine écriture et dessin pour structurer les idées.
  • Utiliser des supports physiques : souligner, surligner, découper des fiches pour rendre l’apprentissage plus tangible.
  • Créer des mises en situation : pour apprendre un exposé ou un discours, s’entraîner à le dire en marchant ou en le jouant.
  • Alterner travail et mouvement : faire des pauses régulières en pratiquant une activité physique pour relancer la concentration.
  • Enregistrer ses cours : réécouter une leçon en marchant ou en pratiquant une activité manuelle.

Ces méthodes permettent d’éviter l’ennui et de rendre l’apprentissage plus efficace et engageant.

Quels métiers pour une personne à mémoire kinesthésique ?

Certaines professions demandent naturellement un apprentissage par l’action et le mouvement. Les personnes ayant une mémoire kinesthésique s’épanouissent souvent dans des métiers où elles peuvent manipuler, bouger ou expérimenter.

Parmi les professions adaptées, on trouve :

  • Les métiers manuels : artisans, menuisiers, mécaniciens, cuisiniers.
  • Les métiers du sport : coachs sportifs, danseurs, professeurs d’EPS.
  • Les métiers médicaux : kinésithérapeutes, ostéopathes, chirurgiens.
  • Les métiers pédagogiques : enseignants en maternelle ou primaire, animateurs, formateurs spécialisés.
  • Les métiers artistiques : comédiens, sculpteurs, musiciens.

Dans ces domaines, l’apprentissage par la pratique est essentiel. Un élève kinesthésique qui peine dans un cadre scolaire traditionnel pourra exceller dans un métier où il apprend en agissant.

Conclusion : Valoriser sa manière d’apprendre

Trop souvent, l’apprentissage est pensé pour les mémoires visuelle et auditive, laissant les apprenants kinesthésiques en difficulté. Pourtant, apprendre en bougeant, en manipulant et en expérimentant est une méthode puissante et efficace.

Comprendre son mode de mémorisation permet d’adapter ses stratégies et d’exploiter pleinement son potentiel. Plutôt que d’essayer de s’adapter à un système inadapté, mieux vaut ajuster ses méthodes d’apprentissage à son fonctionnement naturel.

FAQ : Tout savoir sur la mémoire kinesthésique

1. Qu’est-ce que la mémoire kinesthésique ?

La mémoire kinesthésique est la capacité à retenir l’information grâce au mouvement, à la manipulation et à l’expérimentation. Elle se distingue des mémoires visuelle (apprentissage par l’image) et auditive (apprentissage par l’écoute).

2. Qu’est-ce que l’intelligence kinesthésique ?

L’intelligence kinesthésique, selon Howard Gardner, est la faculté de comprendre et d’apprendre en utilisant son corps. Elle se manifeste par une grande habileté motrice et un besoin de manipuler ou d’expérimenter pour assimiler de nouvelles connaissances.

3. Comment fonctionne la mémoire kinesthésique ?

Elle repose sur l’activation du corps et du toucher dans le processus de mémorisation. Un apprenant kinesthésique retient mieux en écrivant, en dessinant, en mimant ou en manipulant des objets plutôt qu’en écoutant passivement un cours.

4. Comment savoir si j’ai une mémoire visuelle, auditive ou kinesthésique ?

Observez votre façon d’apprendre :

  • Si vous mémorisez mieux en lisant ou en regardant des images, vous avez une mémoire visuelle.
  • Si vous retenez mieux en écoutant ou en expliquant à quelqu’un, votre mémoire est auditive.
  • Si vous apprenez mieux en écrivant, en bougeant ou en expérimentant, vous avez une mémoire kinesthésique.

Un test rapide peut aussi aider à identifier votre profil dominant.

5. Comment développer la mémoire kinesthésique ?

  • Utiliser des fiches à découper, manipuler ou annoter.
  • Expérimenter plutôt que lire (par exemple, faire des exercices pratiques en maths).
  • Associer le mouvement à l’apprentissage (marcher en récitant, jouer une scène historique).
  • Privilégier les jeux de rôle et les mises en situation.

6. Quelles sont les forces d’un apprenant kinesthésique ?

  • Grande capacité à retenir des informations lorsqu’elles sont vécues ou expérimentées.
  • Facilité à appliquer immédiatement ce qui a été appris.
  • Bonne coordination et mémoire corporelle.
  • Créativité et aisance dans les activités manuelles ou physiques.

7. Quel est un exemple d’apprentissage kinesthésique ?

Un enfant qui apprend l’alphabet en traçant les lettres dans le sable, un étudiant qui mémorise un exposé en le jouant debout, ou un sportif qui retient des techniques en les répétant physiquement sont des exemples typiques d’apprentissage kinesthésique.

8. Quelles sont les difficultés rencontrées par les apprenants kinesthésiques ?

  • Difficulté à rester concentré dans un cadre d’apprentissage purement théorique.
  • Fatigue et ennui face à des cours magistraux sans interaction.
  • Besoin d’un environnement qui permet le mouvement et la manipulation.

9. Comment aider un enfant kinesthésique ?

  • Lui permettre de bouger en apprenant (marcher en récitant, utiliser des objets).
  • L’encourager à manipuler et expérimenter (puzzles, expériences scientifiques, jeux éducatifs).
  • Adapter les supports d’apprentissage : cartes mentales, schémas, matériel sensoriel.
  • Lui proposer des pauses actives et des exercices pratiques.

10. Comment réviser avec une mémoire kinesthésique ?

  • Écrire ses notes plusieurs fois pour mieux les ancrer.
  • Mimer ou jouer une leçon pour en comprendre le contenu.
  • Transformer les concepts abstraits en expériences concrètes.
  • Utiliser des cartes à manipuler ou des schémas à compléter.
  • Faire des pauses régulières pour maintenir la concentration.

Apprendre avec une mémoire kinesthésique demande des adaptations, mais ces méthodes permettent de transformer l’apprentissage en une expérience dynamique et efficace.

Sources :

  • Gardner, H. (1983). Frames of Mind: The Theory of Multiple Intelligences. Basic Books.
  • Meirieu, P. (1987). Apprendre… oui, mais comment ? ESF Éditeur.
  • Olry-Louis, I. (1995). Les styles d’apprentissage : des concepts aux mesures. L’année psychologique, 95(2), 271-315.
  • Kolb, D. A. (1984). Experiential Learning: Experience as the Source of Learning and Development. Prentice Hall.

Lire aussi : Mémoire et apprentissage : Mieux apprendre en comprenant la mémoire

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