Article invitéGestion de classe

La plus grande leçon de ma première année au métier d’enseignante !

Lorsque j’ai commencé à enseigner, la journée n’était qu’une succession d’imprévus et de désagréments : des élèves qui mettaient 10 minutes à s’installer, des interruptions pour des problèmes de discipline ou encore de la gestion de devoirs non faits. Ça générait en moi beaucoup de frustrations.. 

Conséquence évidente : je passais énormément de temps à émettre des critiques et des phrases négatives. Mes séances se transformaient alors en un continu de remontrances, de rappels à l’ordre : “Tiens toi bien”, « Arrête de bavarder”, “Pas comme ça”. 

Je focalisais alors sur ce qui n’allait pas en réagissant à ce que les élèves faisaient mal et paradoxalement je reconnaissais plus difficilement quand un élève faisait quelque chose de bien. 

Que ressentons-nous lorsque nous entendons critique après critique tout au long de la journée? Au mieux du découragement au pire de la colère même si celles-ci sont justifiées. D’autant plus que dans ce cadre là, toute la classe subit des critiques qui ne s’adressent la plupart du temps qu’à un nombre limité d’élèves ! 

Si c’est le cas dans certaines de vos séances, vous devez vous dire que vous n’y pouvez rien et que les seuls responsables sont les élèves, ce qui n’est pas complètement faux. Mais paradoxalement en pensant ainsi vous les rendez indirectement maîtres de l’ambiance qui peut régner dans votre cours alors que c’est vous et uniquement vous qui devez mener la danse !

Résultat des courses

  • La gestion de classe devient particulièrement lourde ce qui finit par devenir extrêmement pesant pour vous à la fin de la journée. 
  • Les paroles négatives génèrent des pensées négatives, ça vous fatigue et vous décourage. 
  • Ça perturbe le travail des élèves et/ou les démotive.
  • L’ambiance de classe et le plaisir à travailler en pâtissent. 

Tout le monde est perdant !

Il faut bien comprendre que ces situations sont des défis inhérents à la gestion de groupe. Si vous souhaitez éliminer ces perturbations en essayant de changer les élèves, cette tentative sera vouée à l’échec. 

Par contre, lorsqu’une situation vous gène, envisagez toujours ce que vous pouvez changer dans votre fonctionnement plutôt qu’essayer de changer l’autre. C’est par ce biais que vous trouverez les clés parfois les plus inattendues qui permettront de dénouer ces situations. 

C’est le moment de passer à la solution qui va permettre de passer de ce cercle vicieux à un cercle vertueux. 

Et si on changeait de point de vue … ? 

L’astuce est toute simple, elle peut révolutionner votre état d’esprit face à ce genre de situations tout en ayant de grandes répercussions sur vos séances comme ça a été le cas sur les miennes : changez votre point de vue ! 

Je m’explique… 

Changer de point de vue c’est focaliser d’abord sur ce qui va! ça parait simple et pourtant cela va littéralement changer votre façon de vivre la gestion de classe. 

Vous constaterez que la plupart du temps ces comportements qui vous gênent sont beaucoup plus marginaux que vous ne le pensez, c’est en focalisant dessus qu’on leur donne tant d’importance. 

Un ratio de 3 pour 1

C’est évident, l’humain est bien plus motivé par le positif que par le négatif, la critique n’est pas un facteur de motivation, bien au contraire . 

De nombreuses études le prouvent, une en particulier réalisée sur une soixantaine d’équipes au sein d’une grande société* montraient que certaines de ces équipes obtenaient de bons résultats et avaient plaisir à travailler ensemble alors que tout l’inverse se produisait pour d’autres. 

Et tenez-vous bien, l’étude a mis en évidence qu’un seul et unique paramètre expliquait les bons résultats de ces équipes :il y avait au sein de l’équipe au moins 3 interactions positives pour 1 interaction négative. Lorsque le rapport du positif au négatif excède 3, adultes et enfants s’épanouissent quelque soit le domaine. 

La classe n’est ni plus ni moins une équipe dont vous êtes le manager et de ce fait vous avez le rôle le plus important pour impacter celle-ci par votre attitude quelle qu’elle soit. Vous avez le pouvoir d’impulser l’énergie pour que vos classes prennent la direction que vous souhaitez. 

Maintenant il est temps de voir comment appliquer cette approche, attention à bien le faire de la bonne manière. 

Une erreur que j’ai moi-même commise serait d’ignorer ce que l’on ne veut pas voir! ça encouragerait et aggraverait les comportements gênants. 

Il faut y réagir, mais si vous le faisiez de manière plus subtile… 

Alors comment procéder … ? 

Focaliser sur le positif, ce n’est pas uniquement envoyer de bonnes ondes à travers une attitude positive c’est aussi une manière de s’exprimer

C’est simple, en cherchant et décrivant le positif dans la classe : on génère un élan qui stimule le reste de la classe à faire de même, même les plus récalcitrants. 

Pour cela, 2 étapes simples : – Remarquez ce que l’on veut voir dans la classe – Le verbaliser aux élèves 

1) Décrire ce que l’on veut voir 

Il est 8h30, vous êtes entrés en classe depuis 5 minutes, une partie des élèves n’a pas encore sorti ses affaires.

  • Etape 1 : plutôt que de voir la majorité qui n’a pas sorti ses affaires, remarquez d’abord les quelques élèves qui les ont sortis. 
  • Etape 2 : Décrivez ce que vous voulez voir “Line et Mattéo vous avez déjà ouvert vos cahiers et êtes prêts à vous mettre au travail.” plutôt que “vous mettez toujours 15 minutes à vous installer”. 

2) Présentez ce qu’on ne veut pas voir comme étant marginal 

Ce que l’on décrit, on en fait une norme dans la classe, si on ne décrit que des comportements perturbateurs, on les met en valeur et on en fait la norme. L’inverse est tout aussi vrai, décrire ce que l’on veut voir c’est en faire la norme vers laquelle les élèves tendront naturellement. 

Vous attendez d’avoir l’attention des élèves pour prendre la parole, 4 élèves du fond de la classe bavardent 

  • Etape 1 : Remarquez d’abord la majorité attentive 
  • Etape 2 : “J’ai presque tous les yeux vers moi, il ne m’en manque que 4” plutôt que “ça fait 10 fois que je vous demande votre attention”. 

3) Faire des tournures de phrases positives plutôt que négatives 

Le cerveau n’est pas programmé pour comprendre la négation et donc les tournures de phrases négatives, il passe toujours par l’affirmation avant d’arriver à la négation. 

Par exemple : si vous conduisez et que votre conjoint vous dit de ne pas regarder à droite, votre cerveau commencera par imaginer regarder à droite et vous pourrez le faire un bref instant avant de vous dire de ne pas le faire. 

La négation oriente vers la direction que l’on ne souhaite pourtant pas, l’affirmation est donc un outil bien plus puissant. Quand vous dites « arrête de bavarder” la possibilité de continuer se présente automatiquement dans les pensées. Préférez plutôt “retourne toi sur ta chaise et reprend la lecture”. Plutôt que “Ne cours pas”, il sera préférable de dire “marche doucement”. 

Donnez donc des consignes avec une formulation affirmative. Dites calmement ce que l’élève peut faire et non ce qu’il ne peut pas faire.

4) Valorisez les progrès et les réussites 

Valorisez les progrès des élèves et reconnaissez une réussite ou un progrès qu’elle soit à l’échelle individuelle ou de la classe. 

Ils se sont rangés plus rapidement que d’habitude devant la classe, dites-leur ! Un élève souvent dissipé a été attentif aujourd’hui, reconnaissez-le. 

Ça encourage à faire de même voire mieux la prochaine fois tout en instaurant un climat positif et encourageant pour chacun. 

Et si on récapitulait… 

Appliquer cette approche va vous permettre d’évoluer dans ces différents aspects :

  • le maintien d’un climat positif où chacun aura plaisir à travailler 
  • de mieux réagir en cas de perturbation 
  • une gestion de classe qui devient bien plus légère car en focalisant sur le positif, vous générez des pensées positives. 
  • le maintien / l’instauration de l’élan de travail et de motivation dans la classe. 

Cette approche qui semble simple a radicalement changé mes séances, ainsi que ma façon de vivre mon métier et ma relation aux élèves. Il existe une infinité de façons d’instaurer plus de positifs dans la classe, ajoutez-y vos propres ingrédients, votre personnalité et partagez-nous votre expérience en commentaires… 

*Travaux scientifiques de Barbara Fredrickson, américaine spécialiste de psychologie à l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill et Marcial Losada, psychologue chilien ancien directeur du Centre de recherches avancées (CFAR) à Ann Arbor, Michigan.

Fatima-sdgc

Fatima, professeure de mathématiques, créatrice du site Les Secrets de la Gestion de Classe et accompagnatrice d’enseignant souhaitant faire évoluer leur pratique en gestion de classe. 

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