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Le guide complet de la taxonomie de Bloom

La taxonomie de Bloom rappelle une évidence : apprendre, ce n’est pas répéter, c’est comprendre et utiliser. Mémoriser une règle sans savoir l’appliquer ou réciter une date sans en saisir le sens ne suffit pas. L’essentiel n’est pas d’accumuler des savoirs, mais de s’en servir. En organisant les apprentissages en six niveaux, Bloom permet de passer de la simple restitution à la réflexion et à la création. Son but ? Faire des élèves des penseurs autonomes, et non de simples exécutants.

Les 6 niveaux de la taxonomie de Bloom

Depuis sa révision en 2001 par Krathwohl et Anderson, la pyramide de Bloom distingue six niveaux d’apprentissage, qui guident la progression des élèves vers des compétences plus élaborées.

les 6 niveaux de la taxonomie de Bloom

1. Mémoriser : une étape nécessaire, mais insuffisante

C’est le premier niveau de l’apprentissage : retenir des faits, des définitions, des règles.

🔹 Un élève apprend par cœur les tables de multiplication ou les dates clés de la Révolution française.

Mais la mémoire seule ne suffit pas : un savoir stocké mais non utilisé s’oublie vite.

2. Comprendre : donner du sens aux connaissances

Comprendre, c’est être capable d’expliquer un concept avec ses propres mots.

🔹 Un élève reformule la définition d’un triangle isocèle au lieu de la réciter mot à mot.

Sans cette étape, les connaissances restent superficielles et inexploitables.

3. Appliquer : transformer le savoir en action

L’application consiste à utiliser les connaissances dans un nouveau contexte.

🔹 Un élève applique la règle de trois pour calculer un prix réduit en magasin.

Un savoir non mobilisé est un savoir oublié.

4. Analyser : relier les idées et affiner la réflexion

Analyser, c’est comparer, distinguer, identifier les liens entre les concepts.

🔹 En sciences, un élève identifie les différences entre deux réactions chimiques.

C’est un levier essentiel pour développer l’esprit critique.

5. Évaluer : construire un raisonnement critique

Évaluer signifie porter un jugement argumenté sur une information ou une idée.

🔹 Un élève justifie pourquoi une méthode mathématique est plus efficace qu’une autre.

Savoir évaluer, c’est apprendre à penser par soi-même.

6. Créer : atteindre l’autonomie intellectuelle

Créer, c’est générer de nouvelles idées à partir des connaissances acquises.

🔹 En littérature, un élève écrit une nouvelle inspirée d’un auteur étudié.

Ce niveau marque l’aboutissement de l’apprentissage : être capable d’innover, de proposer des solutions et de créer du sens.

Pour ceux qui souhaitent une version compacte et pratique, un PDF des 6 niveaux de la taxonomie de Bloom peut être préparé avec une pyramide et des verbes d’action clés pour chaque niveau.

Les verbes associés à chaque niveau de la taxonomie de Bloom

Les verbes d’action permettent d’identifier précisément les attentes pédagogiques à chaque niveau. Ils sont essentiels pour formuler des objectifs d’apprentissage clairs et concevoir des évaluations adaptées.

Verbes de la taxonomie de Bloom

1️⃣ Mémoriser : Définir, nommer, répéter, réciter, identifier, reconnaître, lister, mémoriser, énumérer, associer, classer, retenir.

2️⃣ Comprendre : Expliquer, reformuler, interpréter, résumer, décrire, illustrer, traduire, comparer, différencier, exprimer, donner un exemple.

3️⃣ Appliquer : Utiliser, résoudre, démontrer, mettre en pratique, employer, manipuler, exécuter, organiser, adapter, illustrer, modéliser.

4️⃣ Analyser : Comparer, classer, distinguer, examiner, séparer, questionner, catégoriser, identifier, détecter, décomposer, expliquer les causes et effets.

5️⃣ Évaluer : Justifier, critiquer, débattre, défendre, argumenter, juger, vérifier, mesurer, interpréter, soutenir, examiner, prendre position.

6️⃣ Créer : Imaginer, inventer, concevoir, proposer, élaborer, composer, organiser, planifier, développer, produire, construire, formuler une hypothèse.

Objectif vague : « Les élèves comprendront les causes de la Révolution française. »
Objectif précis avec verbe adapté : « Les élèves seront capables de comparer les causes de la Révolution française avec celles d’autres révolutions et d’expliquer leurs différences. »

Comment poser les bonnes questions avec la taxonomie de Bloom ?

Les questions posées en classe ou en évaluation doivent être adaptées au niveau d’apprentissage visé. Voici des exemples concrets de questions pour chaque niveau de la taxonomie.

1️⃣ Mémoriser : vérifier les connaissances de base

  • Quelle est la date de la prise de la Bastille ?
  • Quelle est la définition d’un triangle isocèle ?
  • Quels sont les trois états de la matière ?

2️⃣ Comprendre : assurer une assimilation des savoirs

  • Pourquoi la prise de la Bastille est-elle un symbole de la Révolution française ?
  • Expliquez en quoi un triangle isocèle est différent d’un triangle équilatéral.
  • Quel est le message principal du poème étudié ? Reformulez-le avec vos mots.

3️⃣ Appliquer : utiliser le savoir dans un contexte nouveau

  • Résolvez ce problème en utilisant la règle de trois.
  • Comment pourriez-vous filtrer de l’eau boueuse pour la rendre potable ?
  • Rédigez un court dialogue en anglais en utilisant les temps du passé.

4️⃣ Analyser : développer un esprit critique et logique

  • Comparez la Révolution française et la Révolution américaine : quels sont leurs points communs et leurs différences ?
  • Pourquoi certains matériaux conduisent-ils mieux la chaleur que d’autres ?
  • Comment l’auteur construit-il son argumentation dans ce texte ?

5️⃣ Évaluer : justifier un point de vue avec des arguments

  • Le bilan de la Révolution française est-il positif ou négatif ? Argumentez votre point de vue.
  • Selon vous, la liberté absolue est-elle possible dans une société ? Justifiez votre réponse.
  • Une entreprise doit-elle privilégier le profit ou l’éthique ?

6️⃣ Créer : imaginer et innover à partir des savoirs acquis

  • Imaginez une suite alternative à cette histoire.
  • Concevez une expérience permettant de prouver la loi d’Archimède.
  • Créez un problème mathématique mettant en application la règle de Pythagore.

Pourquoi la taxonomie de Bloom est-elle essentielle ?

Trop souvent, l’évaluation scolaire s’arrête aux premiers niveaux de la taxonomie de Bloom. On demande aux élèves de mémoriser et de restituer, mais pas assez de réfléchir, d’analyser ou de créer. Résultat : des élèves capables de réciter une leçon mais incapables de l’utiliser dans une situation réelle.

Or, mémoriser sans comprendre ne sert à rien. Un élève peut parfaitement connaître une règle de grammaire mais ne pas l’appliquer en rédaction. Il peut apprendre une formule mathématique sans savoir l’utiliser pour résoudre un problème concret.

L’objectif n’est pas seulement que les élèves sachent des choses, mais qu’ils sachent s’en servir, les relier, les questionner et les transformer.

C’est là que la taxonomie de Bloom devient un outil clé. Elle offre aux enseignants un cadre structuré pour :

  • Organiser la progression des apprentissages, en allant du simple au complexe.
  • Concevoir des cours variés et stimulants, en évitant la répétition de tâches purement mémorielles.
  • Favoriser un apprentissage actif, où l’élève expérimente, argumente et crée.
  • Préparer les élèves aux défis du XXIᵉ siècle, en développant leur esprit critique et leur autonomie intellectuelle.

💡 Exemple concret en classe :
Plutôt que de demander : « Quelles sont les causes de la Révolution française ? », l’enseignant peut aller plus loin :
➡️ « Comparez les causes de la Révolution française avec celles d’un autre mouvement historique. » (analyse)
➡️ « Imaginez un discours qu’un révolutionnaire aurait pu prononcer en 1789. » (création)

Ainsi, on ne se contente pas de vérifier si l’élève sait : on l’amène à réfléchir, interpréter et produire du sens.

Comment intégrer la taxonomie de Bloom dans l’enseignement ?

Utiliser la taxonomie de Bloom, ce n’est pas suivre une recette figée. C’est un cadre de réflexion, qui aide l’enseignant à diversifier ses méthodes et à adapter ses évaluations aux différents niveaux cognitifs.

1️⃣ Varier les types d’exercices

Un bon enseignement ne se limite pas à un seul type d’activité. Il alterne entre des tâches de mémorisation, d’application et d’analyse.

💡 Exemple en histoire :

  • Mémoriser : apprendre les dates clés de la Révolution française.
  • Comprendre : expliquer les causes et conséquences en les reformulant.
  • Appliquer : établir un parallèle avec une révolution contemporaine.
  • Analyser : comparer les stratégies politiques des révolutionnaires.
  • Évaluer : débattre sur les impacts positifs et négatifs de la Révolution.
  • Créer : rédiger une lettre fictive d’un citoyen de l’époque.

2️⃣ Repenser les évaluations

L’évaluation ne doit pas être un simple contrôle de restitution. Elle doit mesurer la capacité de l’élève à utiliser ses savoirs dans des contextes variés.

💡 Exemple en mathématiques :
Évaluation limitée : « Résous ces 10 exercices en appliquant la formule. »
Évaluation enrichie : « Imagine un problème de la vie quotidienne où cette formule serait utile et explique comment la résoudre. »

L’évaluation doit aussi être un outil d’apprentissage. Elle ne sert pas seulement à sanctionner, mais à aider l’élève à progresser.

3️⃣ Encourager l’expérimentation et la créativité

Les élèves apprennent mieux en manipulant, en testant et en explorant. La taxonomie de Bloom encourage cette démarche active.

💡 Exemple en sciences :
Plutôt que de simplement apprendre par cœur les principes de l’électricité, les élèves peuvent :

  • Construire un circuit électrique simple (application).
  • Comparer les effets de différents matériaux conducteurs (analyse).
  • Proposer une amélioration pour économiser de l’énergie (création).

L’expérimentation rend les apprentissages concrets et stimulants.

4️⃣ Favoriser l’argumentation et la pensée critique

Dans toutes les disciplines, les élèves doivent apprendre à justifier leurs réponses, à confronter des idées et à défendre un raisonnement.

💡 Exemple en littérature :
Plutôt que de simplement répondre à la question « Qui est le héros de l’histoire ? »
➡️ Demander : « Pourquoi peut-on considérer ce personnage comme un héros ou, au contraire, comme un anti-héros ? Justifiez votre réponse avec des exemples. »

L’important n’est pas seulement de donner une réponse, mais de savoir l’expliquer et la défendre.

Une taxonomie en évolution

Depuis sa création, la taxonomie de Bloom a évolué pour s’adapter aux nouvelles réalités de l’apprentissage.

1️⃣ La taxonomie révisée de Krathwohl et Anderson (2001)

Cette version apporte un changement majeur : elle place la création au sommet de la pyramide. Autrefois considérée comme un objectif avancé mais facultatif, la créativité est aujourd’hui vue comme le stade ultime de l’apprentissage.

💡 Pourquoi ce changement ?
Parce que dans un monde en perpétuelle mutation, les élèves ne doivent pas seulement apprendre à répéter et appliquer des connaissances, ils doivent aussi être capables d’inventer et d’innover.

2️⃣ La taxonomie de Bloom à l’ère numérique

Avec l’essor du numérique, Andrew Churches (2009) a adapté la taxonomie de Bloom aux compétences digitales. Aujourd’hui, apprendre, c’est aussi savoir chercher, trier, structurer et produire du contenu en ligne.

💡 Exemples de compétences numériques intégrées à la taxonomie de Bloom :

  • Mémoriser : rechercher une information fiable sur Internet.
  • Comprendre : reformuler un texte sous forme de carte mentale.
  • Appliquer : créer une infographie à partir de données brutes.
  • Analyser : comparer deux articles traitant d’un même sujet et identifier des biais.
  • Évaluer : argumenter sur la fiabilité d’une source d’information.
  • Créer : produire une vidéo explicative sur un concept étudié en classe.

L’école doit intégrer ces compétences pour préparer les élèves aux enjeux du XXIᵉ siècle.

Conclusion : un outil pour une éducation plus exigeante

Utiliser la taxonomie de Bloom, ce n’est pas appliquer une mode pédagogique. C’est refuser une école qui enferme les élèves dans la simple répétition, et leur donner les moyens de penser et d’agir.

C’est offrir un cadre structuré et progressif, qui donne du sens aux apprentissages et permet aux élèves de construire leur intelligence.

Car au fond, qu’attendons-nous de l’école ? Former des individus capables de réciter ce qu’ils ont appris ? Ou des citoyens capables de comprendre le monde, de le questionner et d’y apporter des réponses nouvelles ?

FAQ : Tout savoir sur la taxonomie de Bloom

1. Qu’est-ce que la taxonomie de Bloom ?

C’est une classification des apprentissages, créée par Benjamin Bloom en 1956. Elle distingue six niveaux cognitifs, du plus simple au plus complexe :

  • Mémoriser : retenir une information.
  • Comprendre : expliquer avec ses mots.
  • Appliquer : utiliser dans une situation nouvelle.
  • Analyser : relier, comparer, distinguer.
  • Évaluer : argumenter, juger une information.
  • Créer : produire une idée nouvelle.

Elle aide à structurer les cours et concevoir des évaluations progressives.

2. Qu’est-ce que la taxonomie de Krathwohl ?

C’est une mise à jour de la taxonomie de Bloom, publiée en 2001. Deux changements majeurs :

  • La « Création » passe au sommet : elle devient l’objectif ultime de l’apprentissage.
  • Une approche plus souple : les niveaux ne sont pas forcément linéaires.

Elle s’adapte mieux aux compétences du XXIᵉ siècle, qui nécessitent innovation et pensée critique.

3. Sur quoi repose la taxonomie de Bloom ?

Elle repose sur une progression logique : un élève commence par mémoriser, puis comprend, applique, analyse, évalue et enfin crée.

Elle permet de :

  • Structurer les apprentissages en niveaux progressifs.
  • Adapter les cours pour favoriser la réflexion et l’autonomie.
  • Concevoir des évaluations plus riches, allant au-delà de la simple mémorisation.

4. Pourquoi utiliser la taxonomie de Bloom ?

Parce qu’elle évite l’apprentissage passif. Beaucoup d’évaluations testent uniquement la mémoire, sans vérifier si l’élève comprend, applique et réfléchit.

Avantages pour l’enseignant :

  • Stimuler la pensée critique et la créativité.
  • Varier les méthodes pédagogiques.
  • Évaluer plus intelligemment, en testant la réflexion et non juste la mémoire.

5. Quelle est son utilité ?

Elle sert à structurer l’enseignement et à pousser les élèves à réfléchir et créer.

Pourquoi l’adopter ?

  • Clarifier les objectifs d’apprentissage.
  • Construire des cours progressifs et adaptés.
  • Éviter la simple restitution et favoriser l’analyse.

6. Comment fonctionne la taxonomie de Bloom ?

Elle propose une progression par niveaux.

🔹 Exemple en sciences :

  • Mémoriser : Citer les parties d’une cellule.
  • Comprendre : Expliquer leur rôle.
  • Appliquer : Identifier ces parties sur une image.
  • Analyser : Comparer cellule animale et cellule végétale.
  • Évaluer : Juger leur importance pour un organisme.
  • Créer : Imaginer une cellule avec des fonctions inédites.

7. Comment l’utiliser en classe ?

💡 Exemples d’exercices adaptés aux niveaux de Bloom :

  • Mémoriser → Faire réciter une définition.
  • Comprendre → Demander une reformulation.
  • Appliquer → Proposer un exercice d’entraînement.
  • Analyser → Comparer deux concepts.
  • Évaluer → Argumenter un choix ou un point de vue.
  • Créer → Demander une production originale.

L’idée : ne pas rester au premier niveau, mais pousser les élèves à aller plus loin.

8. Quels sont les 3 éléments principaux de la taxonomie de Bloom ?

  • Le domaine cognitif : tout ce qui concerne la réflexion et la compréhension.
  • Le domaine affectif : l’engagement, l’intérêt et la motivation.
  • Le domaine psychomoteur : l’acquisition des gestes et des savoir-faire.

Un bon apprentissage mobilise ces trois aspects.

Sources :

24 commentaires

  1. Excellent matériel didactique. Merci pour le partage , a mon tour de le partager.

  2. Cet outil me sera très utile pour ma carrière d’instructeur, je dis merci j’en ferai bon usage.

  3. un outil complet et tres instructif, il me sera utile tout au long de ma carriere professionnelle.

  4. Ce guide complet de la taxonomie de Bloom est d’une importance capitale pour nous dans notre carriere. ca m’a permis de comprendre tout le processus de la Taxonomie de Bloom mais aussi comment m’en servir dans ma carrière.
    Merci infiniment

  5. Merci pour ce guide assez riche qui va renforcer nos techniques d’apprentissage.

  6. Ce guide est fabuleux. J’y ai découvert tous ceux dont mon prof de MEV m’enseigne à chaque fois que nous sommes ensemble. Merci.

  7. Très important et utile dans la vie de tous les jours. Merci

  8. Ce document est comme une boussole dans le processus d’enseignement et d’evaluation

  9. Je remercie l’auteur pour ce document si riche et qui donne de lumière et de bonnes illustrations sur les différents niveaux de taxonomie de BLOOM parfois qui sèment confusion de confusion chez certains utilisateurs.

  10. Je ravis pour cette nouvelle découverte. Et cela, va permettre de me renforcer dans la pratique des classes.

  11. Très intéressant pour un enseignant dans la conception et l’évaluation des modules d’enseignement.

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