Méthodes pédagogiques

La pédagogie Freinet : Un guide essentiel

La pédagogie Freinet est connue dans des dizaines de pays, en Europe bien sûr,mais aussi en Amérique centrale, en Amérique latine, en Afrique, au Moyen et en Extrême Orient. Depuis le début, Célestin Freinet a cherché à relier les apprentissages scolaires aux besoins réels des enfants. La méthode Freinet donnera un rôle actif à l’enfant au sein de la classe. Ainsi, l’école Freinet sera une « école vivante, continuation naturelle de la vie de la famille, du village, du milieu. » et l’éducation est centrée sur l’enfant, sur son affectivité et sur le milieu qui l’entoure.

La méthode Freinet est basé sur la pédagogie active. Parmi les points clés de cette méthode pédagogique, on trouve : le tâtonnement expérimental, l’expression libre, la correspondance entre classes, le journal scolaire, un rythme d’apprentissage individualisé, la coopération entre pairs, l’école ouverte sur la vie, l’organisation coopérative de la classe, un aménagement de l’espace conçu pour favoriser la coopération : ce sont les pratiques éducatives de la pédagogie Freinet.


Qu’est-ce que l’école Freinet ?


L’école Freinet se caractérise par une pédagogie active, participative, car entièrement centrée sur l’enfant . C’est à dire, l’enfant découvre par lui-même la majorité de ce qu’il va apprendre. Plus généralement sa pédagogie repose sur le « tâtonnement expérimental ».

Ce principe opposé à la pédagogie traditionnelle permet à l’enfant de se passionner à l’école du moment que le travail est correctement organisé.

L’autorité n’est alors plus indispensable. Selon Freinet, nous sommes naturellement expérimentateurs et c’est en faisant des expériences que nous pouvons nous développer.

En effet, les enfants lorsqu’ils veulent surmonter une situation, adoptent dans un premier temps une hypothèse. Cette hypothèse peut être exprimée de différentes manières, par le dessin, des gestes ou verbalement. Après avoir procédé à sa vérification à l’aide d’une expérience, l’enfant peut donc soit la valider, soit la rejeter. En conclusion, ce rejet va entraîner l’adoption d’une nouvelle hypothèse jusqu’à ce qu’il parvienne à obtenir un résultat satisfaisant.

Il a également construit sa pédagogie nouvelle autour de la « méthode naturelle » qui se caractérise par le fait qu’un grand nombre de connaissances dites scolaires peuvent être acquises par l’enfant au cours d’un processus « naturel ».

D’après le mouvement de Freinet, les enfants peuvent créer eux-mêmes leurs connaissances. Ils savent parler sans que personne ne leur apprenne, ils savent marcher, se tenir debout parce que c’est dans leur nature d’apprendre. En s’appuyant sur le tâtonnement expérimental, l’enfant apprend à marcher en marchant, et à parler en parlant.

Par ailleurs, la pédagogie Freinet repose sur l’expression libre de l’enfant à travers divers travaux ou ateliers. Par exemple, les textes libres (avec les livres de vie), la correspondance avec d’autres camarades, l’imprimerie et le journal scolaire. Elle permet de responsabiliser l’enfant, ce qu’il a matérialisé au niveau de sa pratique par la production d’un journal : « la Gerbe ».

La classe de Freinet est un véritable atelier dans lequel fourmillent les idées et la créativité des enfants. Il met ainsi l’accent sur le rôle du travail, et de la coopération au niveau de l’aide à l’apprentissage, ainsi que sur l’intégration de l’école dans la vie locale.

Sans oublier que la pédagogue française Élise Freinet a rencontré Célestin Freinet en 1925. Elle était une fervente partisane du travail de son mari dans le domaine de l’éducation, ainsi que de ses idées sur l’importance du jeu pour les enfants.


8 principes de la pédagogie Freinet


La pédagogie Freinet comme méthode d’apprentissage ne se réduit pas à des techniques. En effet, ce

type de pédagogie se base sur de grands principes qui donnent sens aux techniques de la classe.

1. Le tâtonnement expérimental

Premièrement, Freinet affirme que tout enfant, tout individu en bonne santé est poussé naturellement à progresser, à augmenter ses compétences pour maîtriser son milieu. C’est à dire, le « tâtonnement expérimental » ou « pédagogie de l’erreur » qui repose sur « l’expérience tâtonnée ». C’est en essayant, en expérimentant et en ajustant en fonction de nos besoins que l’on apprend. Dans son environnement et tout naturellement l’enfant est expérimentateur.

Donc, c’est par des essais et des erreurs qu’il parvient à se construire. C’est pourquoi, l’enseignant doit alors valoriser les initiatives et les recherches de l’enfant hors des sentiers battus. Il ne s’agit plus de transmettre seulement un savoir ou bien un apprentissage de connaissances, mais bien une construction réalisée par l’élève lui-même.

Freinet croyait que les enfants devraient pouvoir faire des erreurs sans se sentir honteux ou gênés.

Les essais et erreurs expérimentaux permettent aux enfants d’expérimenter de nouvelles idées et techniques, tout en fournissant des conseils et des commentaires.

Ce type d’enseignement encourage les élèves à explorer leurs propres idées, mais leur fournit également des commentaires de l’enseignant. C’est une façon pour les élèves d’apprendre de leurs erreurs sans se sentir honteux ou gênés.

Par contre, l’apprentissage de l’enfant est nécessairement socialisé à la famille, la société ou la nature qui constituent de véritables « recours-barrières ».

Cette pédagogie nouvelle centrée sur l’enfant demande à l’enseignant de faire preuve de tolérance, de patience et de travailler à côté de ses élèves plutôt qu’en face d’eux.

Freinet a l’idée d’organiser le milieu de la classe pour que l’enfant apprenne par tâtonnement expérimental. Tout cela exige du maître, une maîtrise des disciplines suffisante pour percevoir les potentialités des productions premières des enfants, et une maîtrise de la pédagogie qui lui permette de ne pas trop parler et d’être là quand il faut, pour ne pas laisser la classe en échec devant une difficulté.

2. L’expression libre

Deuxièmement, la méthode éducative de Freinet s’appuie aussi sur la communication, l’observation et l’écoute avec le milieu environnant. Ses élèves ont souvent l’occasion d’être à l’extérieur, observent, rencontrent, discutent puis restituent. La communication avec des professionnels ou bien des passionnés en vue d’écrire un article ou de réaliser un exposé est essentiel pour lui. En d’autres termes, l’enfant devient l’auteur de paroles, de dessins, de textes, de gestes, de musiques, de sculptures… dans un espace qui autorise la création et valorise les productions.

3. L’école ouverte sur la vie

Troisièmement, l’école est le milieu de vie de l’enfant. En effet, elle doit être rattachée à son environnement. C’est pourquoi, Célestin Freinet refusait la scolastique, l’apprentissage du savoir par de mauvais manuels, de la coupure symbolique et pratique de l’école avec son environnement naturel, humain, social… En conséquence, il souhaite développer l’ouverture de l’école sur l’environnement social et naturel. Une école ouverte sur la vie, et qui travaille au contraire sur des questions vives dans l’ordre du social, de l’économique, du culturel, du politique, de l’historique.

4. Un rythme d’apprentissage individualisé

Un autre principe de cette méthode d’éducation est l’implication, pour que l’élève ne soit plus seulement un spectateur, mais puisse être un acteur en classe. En d’autre termes, l’élève est acteur de ses apprentissages. Pour lui :« Tout apprentissage doit trouver sa source dans l’individu ». Certains enfants ne s’intéressent pas à ce qu’ils doivent étudier, car ils n’y sont pas préparés par leur environnement. Freinet disait qu’il fallait « motiver le travail » ce qui passait par la nécessité de « rétablir des réseaux ». Pour éveiller l’attention des enfants, il faut inscrire le savoir dans une réalité pour qu’il puisse y donner un sens. Il disait :« l’apprentissage doit se fonder sur le réel perçu, sur l’expérience personnelle ». Cette réflexion a donné naissance à des pratiques telles que la correspondance scolaire, le journal de classe, les mathématiques naturelles ou encore les exposés.

5. La pédagogie coopérative freinet.

La pédagogie de Freinet est une pédagogie différenciée qui met l’accent sur le côté social et collaboratif de l’apprentissage. Freinet affirmait que «c’est à plusieurs que l’on apprend tout seul» . C’est à dire, la pédagogie de Freinet s’appuie fortement sur le travail collaboratif des élèves. Freinet a estimé que les enfants apprennent mieux lorsqu’ils sont engagés dans un cadre social. Et que l’enseignant devrait être considéré comme un facilitateur plutôt qu’un instructeur.

En plus, la coopération au moyen du tutorat, du parrainage, du travail de groupe et de la prise en charge d’une responsabilité au niveau du journal ou des cahiers est au cœur de sa pédagogie participative et évite que chacun ne travaille dans son coin comme on peut le voir dans une école traditionnelle. Cet état d’esprit basé sur l’entraide et la coopération permet le maintien d’une bonne cohésion au sein de la classe tout en tenant compte des spécificités de chacun. Et cela peut s’organiser par l’intermédiaire d’un tableau des demandes d’aide.

6. L’évaluation formatrice

Célestin Freinet favorise l’évaluation formatrice qui donne des résultats d’évaluations. Elle favorise le progrès de chaque élève. C’est à dire, elle donne des indications sur la nature des erreurs.L’enseignant peut proposer des consolidations de connaissances pour aider l’enfant à surmonter les difficultés d’apprentissage. En conséquence, la pédagogie scolaire de Freinet est contre les évaluations finales qui apparaissaient comme l’objectif unique de l’enseignement.

7. La responsabilisation et l’autonomisation

Selon Freinet, l’école doit permettre à l’enfant de se responsabiliser, de devenir autonome. C’est pourquoi chaque enfant est valorisé dans son travail. En plus, la responsabilisation de l’enfant se fait au moyen d’outils tels que le journal avec la création d’articles, le choix de thèmes et l’impression ainsi que des travaux à l’oral.

8. La notion de « méthode naturelle »

Tout d’abord, la notion de « méthode naturelle » est complémentaire de celle de tâtonnement expérimental. Après, son émergence, chez Freinet, semble plus particulièrement liée à l’observation de l’apprentissage de la langue écrite chez sa fille, et au refus de la dimension extrêmement sclérosée des outils officiels d’apprentissage scolaire de la lecture (rappelons que le bon enseignement de la lectureécriture est l’enjeu essentiel de l’école primaire aux yeux de beaucoup de partenaires de l’école).

C’est l’apprentissage de la marche chez le jeune enfant, et plus encore celui de la parole, qui servent de référent pour penser l’apprentissage de la langue écrite dans la classe Freinet, puis pour penser les autres apprentissages scolaires.

La méthode naturelle suppose cependant une « part du maître » importante : pédagogiquement, cette méthode implique des partenaires aidants, un appui au tâtonnement expérimental et à la libre expression, ou encore l’organisation d’un milieu riche en outils et techniques à l’école (c’est cet environnement aménagé que désigne maladroitement l’expression « réserve d’enfants »).


Les techniques de la pédagogie Freinet 


Pendant longtemps, Célestin Freinet a refusé d’utiliser les mots de « méthode Freinet » et de « pédagogie Freinet » pour caractériser ses pratiques dans le milieu scolaire : jusqu’à la fin des années 1950, la formule le plus souvent utilisée fut celle de « technique(s)Freinet ». Voici les techniques ou les outils de la pédagogie de Freinet :

1. Le texte libre

Célestin Freinet soutient qu’il faut donner aux enfants la possibilité de devenir l’auteur de mots, de dessins, de textes et de gestes. Il croit que cela les aidera à apprendre à s’exprimer et à développer leur créativité.

Selon lui, il est important d’offrir aux enfants un environnement où ils peuvent apprendre par leur propre exploration et découverte. Par conséquent, cela les aidera à développer leur imagination et leur créativité ainsi que leur intelligence naturelle.

Cette pédagogie active a été développée en réponse aux limites des méthodes d’enseignement traditionnelles et à leur recours à la mémorisation par cœur. Freinet croyait que les enfants devraient être autorisés à explorer leurs pensées et leurs idées par l’écriture, le dessin et l’impression.

En plus, l’idée derrière ce concept est que chaque élève a sa propre façon de comprendre et d’apprendre les choses. Ainsi, les enfants écrivent un texte libre, à la maison ou à l’école, seuls ou en groupe. Ce texte sera ensuite imprimé en classe et analysé par tous les élèves.

Certes, spontanément, chaque individu a tendance à s’exprimer, à communiquer. L’enfant, comme l’adulte, n’écrit « spontanément » que dans certaines situations où il a quelque chose à dire à quelqu’un avec qui il ne peut communiquer oralement : d’où l’importance de la correspondance et du journal scolaires.  

Chaque enfant se trouve alors mis en situation d’écrire sa pensée à un autre ou à plusieurs autres ; il travaille pour les autres (ses correspondants) et souvent avec d’autres (ses camarades). 

2. La coopération

La pédagogie Freinet met l’accent sur la coopération avec les pairs. Les élèves travaillent ensemble et partagent leurs connaissances afin d’aborder des projets et des devoirs souvent plus complexes que ceux donnés dans les méthodes d’enseignement traditionnelles. Cette coopération encourage la créativité, la pensée critique et les compétences en résolution de problèmes.

De nombreux outils peuvent être utilisés pour la pédagogie Freinet, notamment :

Une salle de classe démocratique

La classe Freinet est une classe démocratique, où les élèves expriment leurs pensées et leurs idées sans crainte d’être jugés.

En effet, cette méthode d’enseignement croit que tous les élèves ont la capacité d’apprendre, de grandir et de changer pour le mieux. En d’autres termes, elle s’attache également à créer un environnement où les élèves sont libres de s’exprimer en toute sécurité. Cela se fait en favorisant la confiance en soi grâce à des commentaires constructifs de la part des pairs, des enseignants et des parents.

La classe Freinet est une société démocratique. Les règles de vie sont pensées et décidées collectivement. C’est-à-dire, la classe Freinet est une école expérimentale où les enfants ont la possibilité de décider comment ils veulent que leur vie soit. Cela inclut de décider ce qu’ils veulent apprendre, ce qu’ils veulent faire et comment ils veulent le faire. Ils ont également la possibilité de prendre des décisions concernant d’autres aspects de leur vie, notamment ce qu’ils mangent, combien de temps ils consacrent à différentes activités et qui est autorisé à entrer en classe.

Dans la classe Freinet, il n’y a pas de rôles fixes. Les membres de la communauté doivent être flexibles et prêts à changer leurs tâches pour s’entendre. Un jour, ils pourraient travailler sur le potager, un autre jour, ils pourraient enseigner aux enfants ou cuisiner pour tous les autres membres de la communauté.

Par ailleurs, les élèves gèrent eux-mêmes leurs relations au sein du groupe classe. Ils décident comment résoudre les conflits, quand prendre la parole à tour de rôle et comment se répartir les tâches. Aucun enseignant ne peut intervenir s’ils ne sont pas d’accord sur ce qu’ils doivent faire ensuite.

Tutorat par les pairs

Les tuteurs ne sont pas seulement ceux qui apprennent quelque chose. Ils en retirent également des avantages cognitifs et personnels.

L’avantage cognitif du tutorat est qu’il vous oblige à avoir une compréhension approfondie du sujet que vous enseignez. En effet, vous devez être capable de décomposer des concepts complexes en éléments plus petits pour que votre apprenant les comprenne.

Les avantages personnels comprennent un sens du but, le sentiment d’être utile et le fait de faire partie d’une communauté.

techniques de la pédagogie Freinet

3. La correspondance interscolaire

Périodiquement, chaque enfant écrit à son correspondant, qui devient vite son ami.   Les maîtres ont constitué des « couples », d’âge, de niveau scolaire et d’intérêts sensiblement correspondants pour que l’échange soit possible. C’est l’aspect affectif qui, ici, semble prédominer. Le correspondant — cet « autre » lointain, imaginaire et réel à la fois — peut jouer un rôle psychologique important.   Chaque enfant    lui    écrit, quand il veut, ce qu’il veut. Ces lettres, groupées, parfaitement écrites, sont distribuées dès leur arrivée et souvent lues en public, parfois avec l’aide du maître.  

Les classes échangent régulièrement lettres, textes et documents. Il est important qu’elles appartiennent à des milieux géographiques assez différents. Le voyage-échange, qui permet à chaque enfant et à chaque groupe d’aller vivre avec le correspondant, est le complément idéal d’une année de liaisons épistolaires. Mais les obstacles matériels, financiers et surtout juridiques ne doivent pas être sous-estimés. 

4. Le journal scolaire  

L’originalité de Freinet a été de mettre l’imprimerie au service de l’expression libre des enfants dans le cadre des classes primaires publiques. Quelques milliers d’expériences variées ont abouti à une technique utilisable par    chaque instituteur. Recueil d’une dizaine de textes d’enfants imprimés sur feuilles I3>5 x 2I cm < lue l’on agrafe, le journal est ordinairement mensuel.   

 Il est l’image, le symbole de la classe ; parfois, son titre souligne ce caractère : « Lutins courageux », « Les renardeaux », « Les petits chats », « Le chalut », « Les moussaillons », etc.  

 Il est tiré à une centaine d’exemplaires, distribués, échangés ou vendus au profit de la coopérative.

5. Les brevets de validation des acquis

Les brevets de validation des acquis utilisés dans les classes Freinet sont un outil d’évaluation. Cela permet de mesurer la progression des élèves. 

C’est une alternative aux évaluations par notes ou par compétences. Ces certificats sont remis aux étudiants qui ont réalisé un projet démontrant ce qu’ils ont appris. 

Célestin Freinet s’inspire des certificats des Jeunes Scouts mis en place par Robert Baden-Powell (1857-1941), fondateur du scoutisme. Les jeunes scouts (garçons uniquement) devaient démontrer devant le groupe leur niveau de maîtrise d’une activité durant le cours. Les scouts ont une limite de temps et doivent terminer le projet au mieux de leurs capacités.

C’est un excellent moyen pour eux d’apprendre toutes sortes de compétences, et aussi de s’amuser. Et Célestin Freinet a adapté cette pratique au contexte scolaire.

Les différents brevets de Freinet :

Freinet distingue deux types de brevets : les brevets obligatoires qui correspondent au programme officiel et les brevets accessoires qui ne sont pas obligatoires.

  • Les brevets obligatoires : Ces brevets correspondent au programme officiel. Par exemple : brevet d’écrivain, brevet de lecture, brevet d’écriture, brevet de bon langage, brevet de maître en orthographe, brevet d’historien, brevet de géographie…
  • Les brevets accessoires : Un brevet accessoire est un brevet qui se situe en dehors des instructions officielles. Par exemple : imprimeur ; enquêteur ; peintre ; marionnettiste ; nageur ; campeur ; potier ; cuisinier ; électricien…

6. Plan de travail Freinet

Un plan de travail Freinet est un excellent moyen de garder les élèves concentrés sur la tâche et d’améliorer leur productivité. Il s’agit d’un plan individualisé qui comprend des tâches adaptées aux intérêts et aux compétences de l’élève. Il comprend également un certain nombre de tâches que l’étudiant doit accomplir d’ici la fin de la semaine.

En effet, ce plan de travail est un excellent moyen pour les enseignants d’aider les élèves à rester organisés, à être productifs et à apprendre à gérer leur temps.

7. Apprentissage selon le rythme de l’enfant

La philosophie pédagogique de Freinet est celle de la liberté et de l’égalité. Il croyait que les enfants devraient être libres d’apprendre à leur propre rythme, sans être contraints ou forcés d’apprendre des choses pour lesquelles ils ne sont pas encore prêts.

C’est-à-dire, les élèves apprennent à leur propre rythme, sans être contraints ou forcés d’apprendre des choses pour lesquelles ils ne sont pas encore prêts. C’est pourquoi il n’a pas utilisé de cours magistraux dans ses cours et a plutôt encouragé les étudiants à lire, écrire et épeler selon leur rythme.

8. Les « Quoi de neuf ? »

Freinet crée cette technique pour donner aux élèves plus de liberté et de responsabilité sur leur propre apprentissage, plutôt que l’enseignant soit en charge de tout.

Ce rituel quotidien permet aux élèves de présenter à leurs camarades quelque chose de nouveau qu’ils ont appris. Par exemple, les élèves peuvent partager ce qu’ils ont appris sur le système solaire ou comment fabriquer un avion en papier. Cette activité encourage également les élèves à explorer des sujets qui les intéressent et à partager leurs connaissances avec les autres.

9. L’organisation spatiale de la classe

L’organisation spatiale des classes Freinet est un élément clé de la pédagogie Freinet. L’utilisation de l’espace et son organisation au sein de la classe est une partie essentielle de la pédagogie qui aide à développer la compréhension et les compétences des enfants par rapport à l’espace.

Voici quelques-uns des grands principes de l’organisation spatiale :

  • Un enfant devrait avoir un sentiment de propriété sur son propre espace ;
  • Les enfants doivent être encouragés à explorer leur environnement librement et sans crainte ;
  • L’utilisation de la couleur, de la lumière, du son et de la musique peut être utilisée comme outils spatiaux ;
  • Il ne devrait pas y avoir de hiérarchie entre les espaces au sein d’une salle de classe ;
  • Les espaces au sein d’une salle de classe ne sont pas fixes, mais changent en fonction des besoins.

La pédagogie coopérative Freinet



De la classe coopérative à la pédagogie institutionnelle


Dans un premier temps en 1950, quelques instituteurs Freinet veulent faire évoluer la pédagogie Freinet. Ils considèrent que ces techniques, qui se sont développées principalement dans de petites écoles rurales, ne conviennent pas aux classes des banlieues des grandes villes où ils enseignent. Après, ils souhaitent y intégrer les apports des sciences humaines et des techniques de groupe, et en particulier de la psychanalyse. Ensuite, les pionniers de ces pratiques, Fernand Oury et Raymond Fonvieille, sont exclus du mouvement Freinet en 1961.Après, ils fondent un nouveau groupe : on parle désormais de Pédagogie institutionnelle (PI) en reprenant un terme que Jean Oury a proposé en 1958 pour souligner le parallélisme entre les problèmes éducatifs et les problèmes thérapeutiques.

En conséquence, les deux courants restent très proches. Par exemple, les classes de PI reprennent le fonctionnement des classes Freinet, sans rien en retirer. Cependant, en y ajoutant des outils (les ceintures de couleur, la monnaie, les rituels…) et une réflexion sur le transfert, l’importance de la parole, des médiations.

Ce courant reste fidèle à certains aspects de la classe coopérative. Cependant, il organise différemment les « institutions » de son fonctionnement : le « quoi de neuf », le conseil. Sur le plan théorique, il s’inspire de la psychanalyse pour trouver une place à chacun dans la classe.

En conclusion, le but de la pédagogie institutionnelle est d’établir de créer et de faire respecter des règles de vie dans l’école. Si l’enfant perçoit, le lieu classe comme un endroit de repères, de sécurité, de vie, où l’on peut régler des questions. Il va progressivement prendre en charge sa vie d’écolier. Il va garder ou retrouver le goût d’apprendre, à travers son engagement, ses initiatives…

Les classes Freinet contemporaines ont emprunté à la PI certaines de ses techniques :

Dans la classe Freinet :  l’importance des rituels

C’est la première certitude de Fernand Oury et Raymond Fonvieille. Pour fonctionner en pédagogie Freinet avec le public difficile qui est le leur, une organisation structurée est nécessaire. Il faut mettre en place des institutions. En termes simples, on a institué, désigné et nommé très clairement des modes d’organisation du groupe. Et qui concernent aussi bien la définition des lieux, des moments, des statuts de chacun selon son niveau de comportement. C’est-à-dire selon ses possibilités, les fonctions (services, rôles, responsabilités), les rôles (présidence, secrétariat), les diverses réunions (chefs d’équipe, classes de niveau, etc.), les rites qui en assurent l’efficacité,

Les règles de vie, réfléchies et décidées collectivement en conseil,sont très précises. En effet, plus le groupe réfléchit au comportement à adopter pendant une activité, plus il y a de chances que les choses se déroulent bien, que les conflits et les pertes de temps soient évités, et plus on peut laisser les élèves autonomes.

Les classes de la pédagogie institutionnelle ont institué les « métiers ». Les enseignants reprennent aujourd’hui ce principe dans presque toutes les classes Freinet. Chaque élève a une responsabilité : gardien du temps, jardinier (il prend soin des plantes), facteur (il transporte les messages entre les classes), effaceur de tableau, responsables des cochons d’Inde, des ordinateurs, des photocopies, de la bibliothèque, des classeurs, des fiches, du matériel de sciences, de peinture ou de sport… Ils’agit d’une réelle responsabilité, puisque la classe ne pourrait pas fonctionner sans le travail de chacun. Toutes les semaines ou tous les quinze jours, les métiers tournent.

Pour les praticiens de la PI, il est nécessaire d’instituer des rites qui permettent de prendre de la distance par rapport aux émotions, aux pulsions. Toutes les grandes institutions ont des rituels qui ont cette fonction. Par exemple, dans une cour de justice ou au Parlement, chacun a un rôle bien défini. Il y a aussi un protocole précis, des formules (≪la parole est a…≫). Ainsi, à La Neuville, lors du conseil hebdomadaire,un élève se charge de sonner la cloche à l’heure dite (toujours la même)afin de prévenir la quarantaine d’élèves. On sanctionne tout retard par une amende en monnaie intérieure.

Les ceintures de couleur

Fernand Oury, adepte du judo, a eu l’idée d’adapter à la classe les ceintures des judokas. Il existe des ceintures dans chaque discipline, et chaque couleur de ceinture correspond à un certain nombre de compétences. En effet, une dizaine au maximum en grammaire. Par exemple, la ceinture orange correspond à « Je sais écrire les noms propres au pluriel » ou « Je reconnais des verbes » . La ceinture marron à « Je sais accorder les participes passés ». Au fur et à mesure de ses progrès, l’élève passera des tests. Cela lui permettra d’accéder à une ceinture plus foncée.

Et surtout, chaque élève se voit attribuer une ceinture de comportement. Les élèves ont des droits et des devoirs différents en fonction de la couleur qu’ils ont atteinte. De plus, les petites ceintures peuvent ne pas se plier à toutes les règles. Premièrement, un jaune n’a pas le droit de suivre toute la réunion. Deuxièment, les ceintures plus foncées ont, au fur et à mesure, le droit d’agir sans le contrôle des adultes. Par exemple, un vert peut sortir de l’école ou diriger un atelier pédagogique. Egalement, un bleu peut être parrain, un marron peut transgresser le règlement. Troisièment, l’élève nouvellement arrivé est blanc. S’il veut atteindre une couleur plus foncée, il demande un vote de la collectivité. Ce dernier acceptera ou lui indiquera les domaines dans lesquels il doit faire des progrès.

Les ceintures permettent à chaque élève de savoir exactement où il en est et dans quels domaines il doit progresser.

En conclusion : dans une classe de PI, on n’est jamais « bon » ou « mauvais », mais, « bon en… » (bon en foot, en arts plastiques, en anglais), « mauvais en… ».

Blanc :

Respecte certaines interdictions, essaie de travailler, doit accepter le règlement de chambre, doit avoir un parrain.

Jaune :

Tient compte des principales interdictions, doit aller en classe, est capable de ranger ses affaires, participe parfois aux travaux communautaires, fait les petits trajets seuls, doit aller au stade, doit avoir un parrain, n’est pas oblige de suivre toute la réunion.

Orange :

Comprend le règlement, doit travailler en classe avec aide et sans déranger les autres, a une place dans les travaux communautaires et dans l’équipe des sports de l’école (ceinture de l’autonomie dans le groupe).

Vert :

Respecte le règlement et participe a la discipline du groupe, donne son avis en réunion, travaille seul ou en groupe dans la classe, est capable de diriger un atelier pédagogique, peut sortir de l’école seule, est capable de recevoir un visiteur avec autorisation, est capable de venir et de rentrer chez lui tout seul (ceinture de la responsabilité individuelle).

Bleu :

Fait respecter le règlement et propose au lieu de se plaindre, aide efficacement dans tous les domaines, peut présider la réunion, est capable de diriger un atelier, peut parrainer une petite ceinture, participe à la réunion de bleus (ceinture de la responsabilité collective).

Marron :

C’est un bleu qui participe activement à l’organisation du groupe. En effet, il est capable de transgresser le règlement en cas de nécessite, d’organiser,de diriger une activité en dehors de l’école. Par ailleurs, il prépare la réunion du vendredi avec les adultes (les adultes attribuent cette ceinture.

La monnaie

Les classes de la pédagogie institutionnelle utilisent une monnaie intérieure imprimée par les élèves. On gagne de l’argent en exerçant son métier [responsabilité dans la classe] et en accomplissant les tâches comme les exercices, les fiches, les textes écrits, les exposes, ou le passage d’un brevet. Ce travail se rémunère selon un barème fixe.

De plus, l’enseignant ne paient pas les élèves de la même façon, parce que cette égalité créerait des injustices.  L’élève qui a des facilités, réussit et produit beaucoup deviendrait vite riche, et celui qui a des difficultés resterait pauvre.

Donc, la paie tient compte des ceintures d’apprentissage.

Un enseignant explique que, par exemple, la ceinture verte sera payée de la même façon que la ceinture marron, mais que le travail pour cette dernière sera plus compliqué et plus long.

La monnaie permet de motiver les élèves pour le travail et accessoirement, pour les plus jeunes, d’apprendre les mathématiques.

Les infractions aux règles de la classe ou de l’école entraînent des amendes. Le conseil décide le montant : un retard, c’est 50 centipatoks… Le non-respect d’une règle entraîne automatiquement telle ou telle amende, comme une contravention pour excès de vitesse.

C’est une sanction qui n’est pas humiliante ou moralisatrice et qui évite les jugements moraux, les chantages affectifs, les ‘palabres sans fin au conseil avec des leçons de morale coopérative d’une inutilité remarquable .

Le trésorier de la classe paie les amendes une fois par semaine. Régulièrement, la classe tient une marche ou chacun peut acheter et vendre ce qu’il souhaite [jouets, confiseries, objets bricolés…].

Plan de travail Freinet

Les étudiants reçoivent un plan de travail adapté à leurs besoins.

En d’autres termes, ils ont leur propre plan de travail personnalisé qui comprend un certain nombre de tâches à accomplir. Cela peut être n’importe quoi, des exercices de lecture, d’écriture et de mathématiques. L’enseignant surveille les progrès de l’élève et l’élève peut voir comment il se débrouille par rapport à son objectif de la journée.

Le plan de travail Freinet repose sur l’idée que les étudiants doivent avoir la possibilité d’acquérir des compétences et des techniques de la manière la plus significative pour eux. Il vise à développer l’autonomie et l’estime de soi des élèves, ainsi qu’à les aider à développer une compréhension de leur propre potentiel et de leur créativité.


Formation en méthode Freinet


Tout d’abord, il n’existe pas de centre de formation délivrant un diplôme  spécifique, contrairement aux écoles Montessori et Steiner. Donc, les enseignants peuvent s’autoformer à cette pédagogie grâce aux livres sur la pédagogie de Freinet. Par exemple, ils proposent des idées,  des ateliers, et  des manières d’apprendre naturellement dans un esprit de coopération :

La pédagogie Freinet en élémentaire: Comment faire ?

Martine Boncourt et Martine Legay, enseignantes Freinet depuis de nombreuses années, partagent leurs connaissances et leur expérience pour organiser une classe : aménagement de l’espace, emploi du temps, relations avec les parents. Des fiches pratiques présentent les techniques et outils de cette pédagogie positive et invitent à une immersion dans leurs classes.

Celestin Freinet, l’Invention d’une Ecole Différente

Instituteur-inventeur, Célestin Freinet considère l’enfant comme un tout. Il introduit à l’école l’imprimerie, la classe-promenade, le plan de travail etc. Son but : rendre les enfants responsables, autonomes, capables de penser et de vivre en bonne intelligence avec autrui.

Une école Freinet: Fonctionnements et effets d’une pédagogie alternative en milieu populaire

L’échec scolaire est important, précoce et socialement différencié. Face à ce constat récurrent, les débats sont vifs sur les causes et les solutions possibles.

Attribuer le dysfonctionnement à ce qui serait de l’ordre de l’innovation revient, par voie de conséquence, à prôner un retour à la tradition. Dans ce cadre, les pédagogies « alternatives » sont rejetées en bloc. Il s’agit donc ici d’amplifier les recherches sur ce sujet.

Pratiques Freinet et coopération dans des classes de jeunes enfants

À travers ce livre, les auteurs souhaitent mettre à disposition des praticiens, non des recettes. Cependant, il y a une manière de vivre ensemble et d’apprendre naturellement, dans un esprit de coopération.

La réalisation de ce livre est le fruit d’un travail coopératif : témoignages d’expériences vécues, rédaction des textes, mise en pages… Ce livre se veut très accessible, utile et pratique pour les praticiens tout en les invitant à la réflexion et au questionnement.

Dictionnaire de la pédagogie Freinet

Tout d’abord, c’est un dictionnaire et non un traité dogmatique, avec plus de 150 définitions associées à des propositions et des exemples, dans lesquelles on pourra naviguer pour enrichir sa réflexion et sa panoplie méthodologique. Des pratiques de classe illustrent de nombreux articles.

De plus, cet ouvrage indispensable est une boîte à outils pour penser et agir. Aujourd’hui, dans un monde où la « Pédagogie Freinet » est plus que jamais d’actualité. Car, comme il y a un siècle, le choix est bien aujourd’hui entre un enseignement où l’on apprend pour se soumettre et un enseignement où l’on apprend pour se libérer. C’est à dire, entre une école qui sépare les élus des exclus et une école où l’on travaille pour réussir ensemble.

Sources :

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