Gradation [Figure de style] : définition et exemples
La gradation, c’est un peu comme monter des marches, mais avec des mots. Chaque mot ou groupe de mots construit une idée plus forte que la précédente. C’est une technique qu’on retrouve souvent en littérature et qui donne du rythme et de l’émotion à ce qu’on lit ou écrit. En somme, c’est une façon élégante de rendre nos textes plus vivants et expressifs.
Qu’est ce qu’une gradation ?
La gradation, c’est une manière d’écrire où les mots ou les idées montent ou descendent en intensité, comme les marches d’un escalier.
En gradation ascendante, les mots deviennent de plus en plus forts. Par exemple, dans « Il a souri, ri, puis éclaté de rire », on commence par un sourire, puis le sentiment s’intensifie jusqu’à l’éclat de rire. C’est comme si l’émotion grandissait à chaque mot.
En gradation descendante, c’est l’inverse. Les mots perdent en intensité. Prenons l’exemple de Racine dans « Andromaque » : « Vous voulez qu’un roi meure, et pour son châtiment, Vous ne donnez qu’un jour, qu’une heure, qu’un moment ! » Ici, on part d’une journée, puis on réduit à une heure, et enfin à un moment, diminuant l’ampleur du temps.
Cette figure de style rend le texte plus vivant et expressif, captivant l’attention du lecteur et enrichissant le message. Elle est très utilisée en littérature pour donner du rythme et de l’émotion aux écrits.
Gradation ( figure de style ) : exemples
Pour les élèves de lycée en France, voici quelques exemples pratiques de cette figure de style qui joue sur l’intensité des mots pour enrichir le discours :
C’est un roc ! c’est un pic ! C’est un cap ! Que dis-je, c’est un cap ? … c’est une péninsule !
Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand
Cette phrase montre une gradation ascendante où chaque terme est plus grandiose que le précédent, soulignant l’immensité du nez de Cyrano.
Va, cours, vole, et nous venge.
Le Cid, Pierre Corneille
Cette gradation ascendante décrit une augmentation de l’urgence et de l’action requise, du simple fait d’aller voler pour accomplir une vengeance.
Je me meurs ; je suis mort ; je suis enterré.
L’Avare, Molière
Ici, Molière utilise cette figure de style pour exagérer la détresse du personnage, passant de mourir à être déjà enterré.
Ça dure bien toute une nuit à brûler, un village, même un petit, à la fin, on dirait une fleur énorme, puis rien qu’un bouton, puis plus rien.
Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline
Une gradation descendante est utilisée ici pour décrire la diminution d’un feu, d’une grande fleur à plus rien.
Vous voulez qu’un roi meure, et pour son châtiment, Vous ne donnez qu’un jour, qu’une heure, qu’un moment !
Andromaque, Jean Racine
Racine emploie une gradation descendante pour mettre en évidence le court laps de temps accordé pour une grande tâche.
J’ai tout vu, tout fait, tout usé.
Le Mariage de Figaro, Beaumarchais
Beaumarchais utilise une gradation ascendante pour montrer une vie pleine d’expériences et d’actions, soulignant l’ampleur des réalisations du personnage.
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue.
Phèdre, Jean Racine
Cette figure de style illustre l’intensité croissante des réactions émotionnelles de Phèdre, allant d’un simple aperçu à une pâleur intense.
Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées.
Candide, Voltaire
Voltaire emploie une gradation ascendante pour décrire les armées, chaque adjectif amplifiant la magnificence de la scène.
Gradation avec rêve :
Je suis allé au lit rêveur et je me suis réveillé avec des visions de grandeur.
Shakespeare dans « Le Songe d’une Nuit d’été
Cette phrase illustre cette figure de style à travers le passage d’un état de rêverie à une expérience de révélation ou d’illumination, typique de la manière dont Shakespeare joue avec les concepts de rêve et de réalité.
Gradation comique pathétique :
Je suis perdu ! Je suis assassiné ! On m’a coupé la gorge ! On m’a dérobé mon argent !
« L’Avare » de Molière
Dans une scène, le personnage principal, Harpagon, s’exclame. Cette gradation dramatique passe rapidement de la peur extrême à la préoccupation matérielle, créant un effet comique par l’exagération et la juxtaposition du tragique et du trivial.
Gradation de frustration :
Pour supporter les flèches outrageantes du sort, ou prendre les armes contre une mer de troubles.
« Hamlet » de Shakespeare
Cette phrase montre la frustration d’Hamlet, passant de la résignation passive à l’idée de se battre activement contre ses difficultés et ses souffrances.
À quoi sert la gradation ?
La gradation en littérature, c’est comme escalader une montagne avec des mots. On commence en bas avec des idées simples, puis on monte vers des idées de plus en plus fortes ou importantes. Cela rend le texte plus intéressant et met en valeur les points clés.
C’est une façon de rendre une histoire ou une argumentation plus captivante et de donner plus de poids à ce qu’on veut dire. C’est super utile pour rendre les écrits plus vivants et expressifs, surtout en littérature.
Différence entre accumulation et gradation
Accumulation : C’est comme quand on liste tout ce qu’on trouve dans une chambre d’adolescent en désordre. Par exemple, « Sur le sol, il y a des chaussettes, des livres, un sac de sport, des écouteurs, des magazines, et une tasse de café à moitié vide. » L’idée est de montrer tout ce qui est là, sans que les éléments soient organisés dans un ordre particulier.
Gradation : C’est un peu comme décrire l’escalade de l’excitation avant un concert. On pourrait dire : « Au début, il y avait un murmure dans la foule, puis des applaudissements. Et, enfin un tonnerre d’acclamations. » Ici, chaque élément construit sur le précédent, allant d’une simple rumeur à une explosion de joie.
Ainsi, l’accumulation est une liste d’éléments sans ordre spécifique, tandis que la gradation est une suite d’éléments qui augmentent ou diminuent en intensité.
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