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Pourquoi les profs ont-ils si peur des inspecteurs ?

Le passage des inspecteurs angoisse beaucoup d’enseignants, au point, pour certains, de vomir de trac. En effet, le fait de se faire contrôler sur leur travail déclenchent d’irrépressibles angoisses et stress chez les professeurs. De plus, il arrive aussi que les chefs d’établissement utilisent la menace d’une visite imminente de l’inspecteur pour créer un climat de peur et de contrôle.

À l’annonce d’une visite, les enseignants rôdent alors avec des papiers toute la journée, vérifiant tout ce que les inspecteurs pourraient critiquer. Ils se voient confier de nouvelles formes d’évaluation complexes à compléter, qui font souvent double emploi avec celles déjà utilisées (il devrait y avoir une limite au nombre de fois qu’un enseignant du primaire doit confirmer qu’un élève peut compter de 1 à 20…). Tout le monde est obligé d’adopter une approche rigide de la planification et d’employer un style d’enseignement particulier, car on nous dit et on nous répète que l’inspecteur veut voir de la conformité.

Cette culture de la peur n’affecte pas seulement le personnel, qui est constamment sous pression pour répondre aux attentes – souvent irréelles – en matière de résultats et de données d’examens. Cela a également un impact majeur sur les niveaux d’anxiété des élèves, car leurs enseignants malheureux ont parfois du mal à faire face à la figure d’autorité que représente l’inspecteur.

En effet, alors que certains enseignants ont « simplement peur » des inspecteurs, d’autres sont littéralement terrifiés. Cela fait très longtemps que la peur est devenue en quelque sorte acceptée et considérée comme inévitable. Les humoristes qui font des blagues à ce sujet n’ont pas besoin de les expliquer pour que tout le monde les comprenne.

Mais personne n’admettra de voir les choses de cette façon. Les enseignants les premiers. Les chefs d’établissement en second. Les inspecteurs, malgré ce que l’on pourrait ressentir quand on sait que l’on va être contrôlé, ne sont pas des monstres et ne prennent pas plaisir à infliger la peur et la misère pour leur seule satisfaction. Ils disent qu’ils veulent seulement voir un fonctionnement normal ; mais une école composée de zombies, privés de sommeil et un peu fous, faisant des choses ce jour-là qu’ils ne font généralement pas ne sert les intérêts de personne. Les inspections ne devraient pas être un spectacle que les écoles passent des heures à répéter. Bien que l’assurance que les écoles devraient fonctionner exactement comme elles le font toujours soit probablement un peu fantaisiste, il n’y a aucune raison de croire le contraire de ça.

Donc, si personne ne veut que nous ayons peur, pourquoi sommes-nous effrayés ?

choses qui rendent fous les enseignants

Premièrement, il est important d’être clair que nous ne sommes pas tous terrifiés et que le degré de peur varie selon les professeurs. Dans les écoles où les résultats sont bons, la visite de l’inspecteur est perçue de façon bien moins effrayante que pour ceux qui travaillent dans des endroits où les résultats sont médiocres, car ceux qui travaillent dans des écoles de haut niveau ont davantage confiance dans le rendu d’un jugement favorable. Les enseignants ont peur des inspecteurs, non pas tant à cause du processus d’inspection lui-même, que parce qu’ils ont peur d’un résultat négatif ; ce sont les jugements tels que « Nécessite une amélioration » et « Insuffisant » qui sont en fait les véritables sources de peur.

Une leçon pour laquelle nous sommes observés peut très mal se passer, mais même si cela survient, cette leçon ne représente qu’une tranche infime de notre pratique dans son ensemble et il serait totalement illogique d’extrapoler toute critique à notre enseignement dans son intégralité lorsque nous savons que ce qui s’est passé n’était absolument pas ordinaire.  Bien sûr, c’est difficile. Très souvent, les enseignants englobent leur estime de soi et leur identité dans leur enseignement et le fait d’entendre quelqu’un en position d’autorité les critiquer peut profondément les blesser, d’autant plus qu’ils peuvent avoir l’impression que leur attitude rejaillit sur toute l’école. Personne ne peut être tenu pour seul responsable des raisons pour lesquelles une leçon se passe mal. Si les élèves se sont comportés de manière effroyable, par exemple, même si on laisse de côté les choix des enfants, c’est probablement aussi le résultat de la culture scolaire, dont l’enseignant ne peut être tenu pour responsable.

Les enseignants qui ont la malchance de subir une inspection grossière devraient également être conscients que, dans l’ensemble, ils sont presque certainement plus durs avec eux-mêmes que leurs collègues. Dans les moments qui suivent une mauvaise expérience, il est facile d’être victime de paranoïa et de croire que tout le monde sait que ça s’est mal passé et chuchote dans les couloirs.

Malheureusement, il serait trompeur de dire que le pire ne se produit jamais. Parfois, les inspecteurs peuvent déclencher une chasse aux sorcières, et certains enseignants peuvent ensuite subir une pression terrible et injuste. Cependant, même si cela se produit, il est toujours possible de conserver un sens des proportions et de la dignité. L’intimidation se voit dans tous les secteurs et nous pouvons aider à en garder une perspective raisonnable en nous rappelant que le monde du travail, au-delà des portes de l’école, n’est pas une utopie morale. Cela dit, il ne faut pas non plus oublier que, la plupart du temps, nous avons plus d’options que nous ne le pensons en étant pris au piège dans le maelström. Si vous vous retrouvez victime d’intimidation, vous devriez en parler à votre syndicat. Si vous ne faites pas confiance au représentant syndical de votre école, appelez le bureau central pour obtenir des conseils de leur part. Ou alors, votre situation particulière peut aussi rendre judicieux le fait d’éviter une scène et d’aller chercher du travail ailleurs.  Cela n’est nullement un échec et l’un des avantages de la crise du recrutement et du maintien en poste est que, dans de nombreux domaines, ceux qui recherchent un nouvel emploi ne resteront probablement pas longtemps sans travail.

Alors, bien sûr, l’inspection peut faire peur, et il est important de garder cette peur en perspective. Mais les inspections sont relativement rares et ne devraient pas occulter la vie de tous les jours, en particulier lorsque leurs résultats échappent souvent au contrôle des enseignants. Cela est vrai, même pour les écoles opérant dans les contextes les plus pressurisés. Le soleil se lèvera de nouveau le matin suivant, même après les expériences les plus terribles. Vos élèves et votre devoir envers eux n’ont pas changé. Vos collègues comprendront. Le weekend arrive à nouveau. Les gens qui vous aiment vous aimeront toujours et si votre situation devient vraiment intenable, souvenez-vous que vos chances de trouver un emploi ailleurs pourraient bien être meilleures que vous ne le pensez.

Source: Le Parisien

Un commentaire

  1. Bonjour,

    Je suis néo-contractuelle en poste depuis septembre dernier dans un lycée professionnel.

    J’ai toujours mis l’accent sur l’aspect communicatif dans mes cours (anglais) et me retrouve souvent débordée par les bavardages des élèves.

    Ma tutrice me dit que je dois cadrer beaucoup plus mes élèves, être plus sévère. Je suis (d’après elle) trop bienveillante et trop tolérante : attitudes, retards des élèves, devoirs non rendus….

    Je reçois la visite d’un formateur chargé de mission dans 3 semaines et j’ai peur de ne pas être à la hauteur.

    J’attends donc votre guide avec patience.

    Cordialement,

    Karine Bailly

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