Idées et stratégies

Quelle méthode de lecture choisir au CP ?

L’apprentissage de la lecture au CP est un processus complexe, où l’on passe progressivement d’une simple familiarisation avec les mots à l’utilisation de la lecture comme outil d’acquisition de nouvelles connaissances. La question se pose alors : quelle méthode privilégier pour enseigner la lecture ? Faut-il opter pour une approche globale, semi-globale ou syllabique ?

Il existe diverses méthodes d’apprentissage de la lecture, mais toutes visent un but commun : permettre aux élèves de lire correctement et de développer un goût pour la lecture. Au CP, l’enjeu est d’abord de développer chez l’enfant la capacité de déchiffrer les syllabes, tout en lui donnant les outils nécessaires pour comprendre ce qu’il lit.

De manière générale, deux grandes méthodes d’apprentissage de la lecture sont utilisées. D’une part, la méthode alphabétique, qui progresse de la lettre au mot, puis au texte. D’autre part, la méthode mixte et la méthode globale, qui abordent l’apprentissage depuis le texte vers la lettre.

Scientifiquement, ces approches se classent en méthodes phoniques (méthodes syllabiques) et méthodes non phoniques (méthodes globales). Les premières se concentrent sur la décomposition phonétique des mots, tandis que les secondes privilégient une approche plus globale et intuitive de la lecture. Découvrez comment apprendre à lire au CP ?

Les 3 méthodes de lecture au CP 

Le cheminement vers la maîtrise de la lecture débute avec l’éveil à la conscience phonémique et s’achève lorsque l’enfant acquiert non seulement la capacité de lire les mots, mais aussi de saisir leur signification profonde. Concernant l’enseignement de la lecture au CP, plusieurs approches se distinguent :

1. Méthode de lecture CP syllabique

La méthode élaborée par les pédagogues allemands Fri. G et Sam H. s’inscrit dans la tradition éducative du « b-a ba ». Cette approche repose sur un principe fondamental : l’apprentissage doit débuter par la connaissance des lettres, suivie de celle des sons, pour enfin aboutir à la formation des mots. Cette méthode se révèle particulièrement efficace pour aider les enfants à reconnaître et à utiliser correctement les phonèmes. Chaque phonème correspond à une lettre de l’alphabet, permettant ainsi de créer des combinaisons en accord avec les règles de la langue étudiée. C’est la méthode de lecture au CP préconisée par le ministère de l’Education.

Caractéristiques de la méthode syllabique

La méthode syllabique, relevant d’une approche synthétique, s’attèle à l’enseignement de la lecture en partant de petites unités pour progressivement atteindre des structures plus complexes. Elle se distingue par son utilisation des syllabes comme fondements individuels, transcendant ainsi les sons isolés des lettres.

Dans notre langage courant, la prononciation ne s’articule pas autour du son de chaque lettre prise séparément, mais plutôt sur une combinaison syllabique, c’est-à-dire un assemblage de plusieurs sons. Cette observation souligne que la méthode syllabique prend racine dans la syllabe, considérée comme la plus petite unité prononçable, pour l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

En contraste, d’autres méthodes de lecture peuvent se focaliser exclusivement sur l’orthographe (la représentation graphique des mots) ou sur le phonème (leur prononciation). La force de la méthode syllabique réside dans sa capacité à fusionner ces deux dimensions. Elle facilite l’apprentissage de la prononciation des syllabes tout en offrant une progression graduelle vers la formation de mots complets et de phrases cohérentes.

Comment l’utiliser en classe ?

Dans la méthode syllabique, les élèves abordent l’apprentissage de la lecture à travers un processus graduellement complexe. Initialement, ils se familiarisent avec les lettres et leurs sons correspondants. Après avoir maîtrisé la prononciation individuelle de chaque lettre, ils entament l’étude des combinaisons de sons.

La première étape de l’intégration se concentre sur les voyelles. Pour faciliter cette phase, l’usage d’images et de mots associés est couramment adopté. Une fois cette base établie, l’enseignement s’oriente vers les syllabes composées, qui sont formées d’une consonne suivie d’une voyelle (telles que ma, me, mi, mo, et mu). La complexité augmente avec l’introduction de syllabes plus ardues, composées de deux consonnes (comme bra, bre, bri, bro, et bru).

Les élèves, ayant acquis une bonne maîtrise de ces deux types de syllabes, abordent ensuite celles ayant une structure inversée, où une voyelle précède une consonne (exemples : ar, ir, or, et ur). La dernière étape consiste à leur enseigner les syllabes les plus complexes, représentant ainsi le summum de la progression dans cette méthode d’apprentissage de la lecture.

L’enseignement de la méthode syllabique peut se faire à l’aide de livres comportant plusieurs types de syllabes, appelés syllabaires.

2. La méthode globale

Cette méthode de lecture s’appuie sur le visuel. Elle combine essentiellement des lettres avec des images. Celle-ci est devenue populaire après que Glenn Doman, père de la méthode, ait suggéré que les enfants apprennent à lire en utilisant ses recherches.

Dans la méthode globale, l’enseignant part de la phrase dans son ensemble pour apprendre à lire. Freinet, par exemple, est un défenseur de la méthode globale de par sa méthode dite « naturelle » (on apprend à lire en fonction des besoins ; il n’y a pas de manuel scolaire).

La méthode globale est également un moyen populaire d’enseigner aux enfants atteints de dyslexie et de divers troubles d’apprentissage.

Quelle est la différence entre la méthode de lecture globale et les méthodes traditionnelles d’apprentissage de la lecture ?

La méthode de lecture globale se fonde sur la présentation du mot dans son intégralité à l’enfant, l’encourageant à s’appuyer sur sa perception visuelle et sa capacité à mémoriser des informations visuelles. Dans cette approche, l’élève n’aborde pas la lecture lettre par lettre, mais plutôt en mémorisant le mot comme une image globale. Cependant, cette image se distingue d’une représentation visuelle classique, qui renvoie habituellement à un objet spécifique, en ce sens qu’elle véhicule une idée généralisée de l’objet ou de l’événement, impliquant ainsi une compréhension plus large.

En contraste, la méthode syllabique requiert de l’élève un apprentissage progressif, débutant par les lettres, suivi des syllabes, pour finalement aboutir aux phrases complètes. Cette méthode peut s’avérer ardue, car elle sollicite simultanément la pensée visuelle et des capacités de réflexion analytique et synthétique.

Néanmoins, la capacité de l’enfant à retenir et à utiliser des mots et des phrases dans leur globalité peut grandement faciliter la transition vers une lecture plus analytique, en lui permettant de lier les éléments visuels globaux aux structures plus détaillées du langage écrit.

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Comment apprendre à lire avec la méthode globale ?

L’enseignement de la lecture à l’aide de cette méthode se déroule comme suit :

  • Fabriquer des « cartes flash ». Elles doivent être de couleur vive et comporter une police à gros caractères. Vous pouvez même les fabriquer à la maison. Chaque série doit suivre un thème, comme les fruits ou les accessoires de cuisine.
  • Montrer aux enfants ces cartes flash. La démonstration des cartes se fait rapidement et au même rythme. On suppose que l’enfant absorbera l’information dans son subconscient.
  • Répéter l’exercice régulièrement, généralement trois fois par jour pendant une semaine et demie. N’expliquez pas chaque lettre ou son au fur et à mesure. Ce n’est pas comme la méthode de lecture standard qui repose sur l’apprentissage préalable de l’alphabet dans le cadre de la compréhension du français. 

À LIRE AUSSI : La méthode de lecture globale: comment en tirer profit ?

3. La méthode de lecture semi-globale 

La méthode semi-globale, également connue sous le nom de « méthode mixte », représente une approche hybride dans l’apprentissage de la lecture. Elle fusionne les atouts de la méthode syllabique avec ceux de la méthode globale. Autrement dit, les mots qui sont appris de manière analytique servent de base pour explorer et identifier les syllabes ainsi que leurs sonorités. Cette stratégie facilite le déchiffrage de nouveaux mots, permettant ainsi à l’élève de progresser dans sa lecture en combinant la compréhension globale des mots avec la reconnaissance détaillée des composants syllabiques.

Comment l’utiliser en classe ?

Sur le terrain pédagogique, les enseignants tendent majoritairement à combiner les méthodes syllabique et globale. La méthode syllabique est privilégiée pour l’apprentissage des mots dont la prononciation est en accord avec leur orthographe, facilitant ainsi le déchiffrage. Par contre, pour les mots dont la prononciation diffère de l’écrit, les enseignants s’orientent souvent vers la méthode globale.

Dans la pratique de cette méthode mixte au CP, les enseignants s’appuient fréquemment sur des livres de lecture. Ces supports aident l’enfant à visualiser le langage écrit et à faire le lien entre l’image, les lettres affichées et ce qu’il entend, renforçant ainsi sa compréhension du langage.

Cependant, cette méthode mixte n’est pas sans difficultés. Elle peut engendrer des problèmes de compréhension chez les apprenants. De plus, elle exige une grande concentration de la part de l’enfant, qui doit décomposer les mots pour saisir les mécanismes de la langue. Il est important de souligner que la transposition d’un son ou d’une image en langue écrite représente un défi significatif pour un enfant, surtout durant les premiers mois d’apprentissage.

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3 commentaires

  1. Un remerciement special a vous pour cet article avec toutes ces valeureuses infos sur ces méthodes de lecture

  2. Merci infiniment pour toutes ces informations, pour moi , et d’après mes expériences dans le primaire, je trouve que la méthode globale est la plus efficace, car elle donne un sens aux apprentissages, commencer avec des textes qui sont simples et courts , avec des illustrations pour aider l’apprenant à découvrir le contexte des graphèmes, avec la répétition on passe à découper le texte en mots, puis désigner le son à étudier …. le visuel est très intéressant, surtout pour mémoriser les mots outils.
    Simple exemple d’un texte de départ :
    C’est la rentrée, Omar est à l’école, Chama est à la maison avec sa maman.
    A partir de ce texte , on peut aborder plusieurs activités de lecture….

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