Pénurie d’enseignants : Pourquoi les profs sont-ils en voie de disparition ?
La crise que traversent les enseignants de nos jours est indéniable, rappelant un sort presque préhistorique, comme celui des dinosaures en leur temps. La pénurie d’enseignants touche de nombreux pays, entraînant une rareté de vocations et des conditions de travail de plus en plus difficiles. À la rentrée 2019, en Belgique, un tiers des postes n’étaient pas pourvus. En France, près de la moitié des établissements manquaient de professeurs, et en Allemagne, la pénurie d’enseignants atteint son apogée depuis six décennies, avec une projection alarmante de 26 000 professeurs en moins dans les écoles primaires d’ici dix ans. La France n’est pas en reste, avec une baisse de 10 % du nombre de candidats au concours du CAPES entre 2019 et 2020, menaçant sérieusement la qualité de l’enseignement.
Au Québec, le déficit d’enseignants s’aggrave, constituant le défi majeur de 2020 selon le ministre de l’Éducation. Les répercussions de cette situation se manifestent par des classes sans enseignants en début d’année, des professeurs réguliers obligés de jouer les pompiers de service, et des remplaçants défilant les uns après les autres.
Il y a un demi-siècle, le professeur jouissait d’un statut important, respecté et correctement rémunéré. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, la plupart des enseignants ne se sentant plus valorisés par la société. C’est une triste réalité : ce métier n’attire plus. Mais la société ne semble pas en être consciente. Quand elle le réalisera, il sera peut-être trop tard. Chaque année, plusieurs enseignants abandonnent la profession dans les sept premières années suivant leur embauche. La plupart quittent par épuisement ou à cause de la lourdeur de leurs tâches.
Les causes de la pénurie d’enseignants
Les causes de la pénurie d’enseignants sont différentes :
1. Image du métier
La perception de la profession d’enseignant est au cœur de la pénurie actuelle. Le métier, considéré autrefois comme honorable, est aujourd’hui jugé ingrat, sous-payé et peu respecté. Les professeurs doivent faire face à des réformes pédagogiques constantes, aux inspecteurs parfois trop stricts et à une hiérarchie souvent distante, créant un environnement de travail difficile. L’enseignant est injustement pointé du doigt comme responsable des échecs des systèmes éducatifs, contribuant à une profonde dévalorisation de leur rôle.
Selon l’enquête Talis de l’OCDE, seulement 5 % des enseignants en France pensent que leur métier est valorisé par la société. De plus, le public sous-estime le temps que les enseignants consacrent réellement à leur travail, croyant à tort qu’ils travaillent moins que les autres.
Cette méconnaissance du métier affecte la reconnaissance des enseignants, rendant difficile leur motivation et l’attrait de la profession pour les étudiants. Un enseignant a résumé la situation en disant : « À force de nous dévaloriser et de nous accuser de tous les maux de la société, voici le résultat ! »
2. Taux de dépression chez les enseignants
Une autre difficulté fréquemment signalée par les enseignants est la mobilisation des élèves. Bien qu’ils proposent des activités pédagogiques pour les motiver, ils peinent souvent à susciter leur intérêt. Cet échec dans l’engagement des élèves est vécu comme un revers personnel par les enseignants, rendant la progression de leurs élèves difficile et la gestion de la classe plus épuisante. Malgré leurs efforts croissants, les enseignants ont l’impression de ne pas obtenir de résultats satisfaisants.
De plus, le principe de mobilité nationale, souvent perçu comme absurde, et une gestion verticale dénuée d’humanité conduisent à l’envoi des enseignants loin de chez eux, même lorsqu’il existe des postes plus proches disponibles pour des contractuels. Cette déconnexion administrative de la réalité rend le climat scolaire peu propice à l’apprentissage.
La différenciation pédagogique et l’enseignement par compétences, bien qu’importants, demandent également énormément de temps. Il est en effet quasiment impossible de personnaliser les apprentissages dans des classes de 30 élèves, menant à des résultats médiocres malgré les efforts des enseignants.
3. La faiblesse du salaire
Le salaire des enseignants est nettement inférieur à celui d’autres professions. Bien qu’ils détiennent un master (bac+5), leur salaire moyen est de 1450 € net par mois, ce qui les place 25 % en dessous de la moyenne salariale des autres fonctionnaires.
En dépit de ce salaire modeste, le temps de travail ne cesse d’augmenter à cause de la charge de travail croissante. Les heures supplémentaires, souvent non rémunérées, s’ajoutent aux obligations d’animer des ateliers de manière bénévole, par exemple. Pour mieux comprendre le quotidien des enseignants, il suffit d’accompagner un professeur pendant une journée pour constater l’ampleur de leur engagement et l’intensité de leur travail.
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4. Le temps de travail
Les tâches d’un enseignant ne se limitent pas aux cours présentiels. Elles englobent également la préparation des leçons, les corrections, les sorties pédagogiques (souvent jugées insuffisantes par les parents, sans comprendre le travail préparatoire nécessaire), les réunions pédagogiques, les formations, les ateliers, les rendez-vous avec les parents, les services de cantine et d’étude, les classes vertes, rousses ou de neige, et les réunions de concertation pour organiser les classes. Les enseignants doivent également participer aux réunions pour les élèves en difficulté, suivis par la MDPH. Vous devriez suivre un enseignant pour saisir l’ampleur de leur travail, ou bien passer le concours pour constater les directives strictes qu’ils doivent suivre.
Il faut réellement aimer ce métier pour l’exercer. Deux heures de cours demandent au moins quatre heures de préparation, sans compter le temps consacré aux évaluations et aux remédiations. Si un élève réussit, il attribue souvent son succès à ses propres efforts. Mais en cas d’échec, c’est le professeur qui est blâmé pour son incapacité à enseigner. De plus, le temps de travail d’un enseignant ne se limite pas aux heures passées devant les élèves. Ces heures ne représentent en réalité qu’une petite partie du travail d’un enseignant, qui consacre davantage de temps à préparer les cours, corriger les copies, et accomplir d’autres tâches, comme travailler avec les collègues, rencontrer les parents et gérer l’administration. En fin de compte, les enseignants travaillent plus que de nombreux employés d’autres domaines.
5. L’absence d’une réelle formation continue
Les conditions d’exercice actuelles des enseignants sont de plus en plus exigeantes. La formation continue devrait être une priorité pour fournir un enseignement de qualité et adapté au contexte actuel. Cependant, les enseignants bénéficient rarement d’une formation continue adéquate. Par exemple, les enseignants en France ne passent en moyenne que deux jours et demi par an en formation continue, soit trois fois moins que leurs homologues de l’OCDE, dont plusieurs imposent un quota minimum de formation obligatoire. En Finlande, les enseignants participent à des formations d’une durée de un à cinq jours par an.
Ce manque de formation continue et l’insuffisance des réponses apportées aux attentes des enseignants représentent un défi majeur pour rendre la profession attrayante et permettre aux enseignants de se développer tout au long de leur carrière.
6. Parents-rois
C’est un métier où des personnes extérieures, en particulier les parents, s’immiscent fréquemment et donnent des conseils aux enseignants. Les parents-rois passent parfois derrière les professeurs pour contacter la direction, désapprouvant une note, une correction ou un commentaire sur le bulletin. Ils se plaignent parfois des sanctions prises contre leurs enfants à cause de leur comportement. Malheureusement, la hiérarchie évite de contrarier ces parents.
Ces mêmes parents n’oseraient jamais agir ainsi avec leur dentiste ou leur médecin. Seraient-ils capables de dire à un maçon comment construire une maison ou à un banquier comment calculer un emprunt ? Il n’y a plus de respect pour la profession, ni pour l’enseignant qui, chaque jour, s’efforce de former et d’éduquer leurs enfants, tâche que ces mêmes parents semblent incapables de faire eux-mêmes.
7. Les parents démissionnaires
Les parents semblent s’être désengagés de leur rôle éducatif, critiquant constamment l’école pour ses prétendues lacunes dans l’enseignement et l’éducation de leurs enfants. Ils ne perçoivent plus la distinction essentielle entre enseignement et éducation. L’école est là pour enseigner, tandis que l’éducation devrait relever des parents. Mais en réalité, les parents semblent laisser ces deux responsabilités à l’école.
En conséquence, bien que les enseignants aient un rôle de co-éducation avec les parents, ces derniers ne remplissent pas toujours leur part. Les enseignants sont ainsi lassés d’être sans cesse critiqués par des parents qui, pour la plupart, ne connaissent rien à l’enseignement. Ces parents, en fin de compte, élèvent des enfants mal éduqués, qu’ils qualifient souvent d’hyperactifs.
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Comment faire face à la pénurie d’enseignants ?
Pour lutter contre la pénurie d’enseignants et pallier le manque d’enseignants dans les écoles, il est impératif de revaloriser leur image en leur offrant la reconnaissance qu’ils méritent. Cela passe par une augmentation des salaires, mais aussi par l’amélioration des conditions de travail, notamment grâce à un soutien systématique et à une formation continue accrue, tout en limitant le nombre d’élèves par classe.
Revaloriser l’image de l’enseignant
Redonner à la profession enseignante la place centrale qu’elle mérite dans une société véritablement préoccupée par son avenir social et économique. Cela passe par une meilleure reconnaissance du rôle des enseignants et une valorisation de leur image auprès du public.
Augmenter les salaires
Les enseignants sont actuellement sous-payés, et leur salaire n’a pas évolué au même rythme que ceux d’autres professions. Un enseignant a suggéré qu’ils pourraient un jour bénéficier de la pénurie d’enseignants actuelle : « Peut-être qu’un jour, on sera tellement rares qu’on sera payés correctement ! »
Améliorer les conditions de travail :
- Encadrer systématiquement et offrir un soutien actif à tous les enseignants.
- Repenser la formation continue des enseignants, en prévoyant plus de temps dans leur emploi du temps.
- Fixer un nombre raisonnable d’élèves par classe.
Je ne veux plus être prof que faire ?
Lorsqu’un enseignant ressent « Je suis prof et je n’en peux plus », il existe des options pour se réorienter. Le détachement permet de tester de nouveaux domaines tout en conservant son poste. La mise en disponibilité offre une pause pour se consacrer à d’autres projets. La démission est une rupture définitive, tandis que la rupture conventionnelle peut apporter une sécurité financière pendant la transition. Un bilan de compétences aide à orienter sa reconversion professionnelle
1. Demander un détachement
Le détachement offre aux enseignants la possibilité de s’essayer à un autre métier sans renoncer définitivement à leur carrière d’enseignant. Cela permet une mobilité professionnelle vers d’autres établissements scolaires comme les lycées militaires, agricoles ou les instituts spécialisés, ainsi que vers des organismes d’intérêt général. Vous pourriez tester un autre métier tout en gardant la sécurité de votre poste d’origine.
2. Mise en disponibilité
La mise en disponibilité permet aux enseignants de mettre leur carrière en pause pour une durée définie, pouvant aller jusqu’à trois ans. Ce temps peut être utilisé pour reprendre des études, s’investir dans des projets de recherche, ou se consacrer à des affaires personnelles. Cela permet d’explorer d’autres options de carrière sans engagement permanent.
3. Démissionner
La démission est une décision définitive qui nécessite une réflexion approfondie, car elle implique la perte de tous les avantages liés au statut de fonctionnaire. Cependant, elle reste une option pour les enseignants épuisés par les conditions de travail et qui souhaitent changer radicalement de secteur. Il est important de bien préparer un projet professionnel avant de franchir le pas.
4. Rupture conventionnelle
Bien que rarement acceptée, la rupture conventionnelle est une option qui permet aux enseignants de quitter l’Éducation Nationale tout en bénéficiant de l’assurance chômage. Cela peut offrir une certaine sécurité financière pour préparer la transition vers une nouvelle carrière.
5. Faire un bilan de compétences
Un bilan de compétences est un outil précieux pour les enseignants cherchant à redéfinir leur avenir professionnel. Il permet d’évaluer ses compétences, ses aptitudes et ses aspirations afin de mieux orienter sa reconversion vers un secteur qui correspond à ses valeurs et à ses envies.
Et vous, que proposez-vous pour revaloriser la profession enseignante ? Et comment faire face à la pénurie d’enseignants?
Diminuer le nombre d’élèves par groupe et diriger les élèves en difficulté dans les groupes appropriés…adaptation scolaire ou autre.
Ramener les cours de cuisine, de jardinage, de plomberie de base, électricité de base
Je ne dirai rien car tout ce que je dirai ne servira à rien tellement nous sommes dirigés par une bande d’incapables
En dehors du manque de reconnaissance, du salaire et des remarques perpétuelles sur les horaires … Le système de mutation est a rediscuter également.
Pourquoi les gens ne veulent pas enseigner ? C’est également parce qu’ils doivent tout quitter.
Exemple un jeune (de l’académie de bordeaux) qui a son concours est obligatoirement envoyé vers Versailles – Créteil – Lille … et pour une durée indéterminée. Et dans des zones reconnues plutôt difficile. Cela ne donne pas forcément envie…
Et si cette personne n’est pas pacsée ou mariée à une personne dans la région aquitaine. Il ne pourra pas rentrer avant des années et des années (voir ne pas rentrer du tout..)
Pourquoi n’y a t-il des points que pour les personnes en couple ou avec enfant ? Ne peut-il pas y avoir des points pour l’académie de formation, l’académie où l’enseignant est né ou l’académie où il a de la famille ?
Bien longtemps que je ne suis plus « dans le coup » mais plusieurs de mes enfants et petits-enfants sont enseignants, ou l’ont été avant de changer de métier.
D’après mon expérience d’autrefois et d’aujourd’hui,
– la principale cause de désaffection est le manque de respect dont ils sont victimes, manque de respect de la part des élèves, parfois, mais de la part des parents et de la société en général, très souvent voire toujours. Petit exemple : Dans une boutique, une maman se plaint à voix haute de ce que sa fille envisage d’épouser « un petit prof » ; elle ne sait sans doute pas que j’en suis un, moi aussi… mais peu importe.
– les conditions de travail. Quand 1, 2, voire davantage d’heures séparent 2 de ses cours, (ce qu’en Belgique nous appelons « heures de fourche »), l’enseignant n’a guère de possibilité de travailler à des préparations ou corrections ; la « salle des profs », c’est celle où tout le monde passe ou repasse, papote, prend son déjeuner-tartines, commente l’actualité… Pas mal de temps perdu.
– le salaire. pour ma part, je ne m’en plains pas : mon mari et moi, tous deux enseignants, avons pu élever correctement 5 enfants. Mais il est vrai que lorsqu’on change de métier, on jouit généralement d’une rémunération plus élevée, surtout dans une entreprise privée.
– la formation continue : j’ai eu une semaine par an, mais toujours à mes frais…
Augmenter l’autonomie professionnelle. Faire cesser l’ingérence des parents, directions et bureaucrates. En plus, ça ne coûte rien alors les politiciens ne peuvent pas nous faire jouer le même vieux disque « qu’il-n’y-a-pas-d’argent-dans-les-fonds publics »
Et où est , dans cet article, la responsabilité de l’enseignant dans le résultat global (démotivation de l’enseignant et celle de l’élève).
Pourquoi l’enseignant a-t-il choisi son métier? Par vocation ou par sûreté de l’emploi? Il est vrai néanmoins que la société est de moins en moins concentrée sur la tâche qu’elle fait et l’enseignant comme l’élève en sont la résultante. Nous avons aussi un équilibre entre travail manuel ou intellectuel. Dans cet équilibre, là peut-être, nous pouvons à nouveau retrouver un nouveau souffle.
Nous sommes effectivement «gouvernés» par des gestionnaires. Ceux qui décident de ce qu’on doit faire dans nos classes sont bien trop éloignés du terrain (voire n’y ont jamais mis les pieds). Que nos plus proches conseillers et inspecteurs soient obligatoirement à temps partiel en classe pour pouvoir valider leurs injonctions pédagogiques.
Et qu’aux plus haut, on écoute VRAIMENT ce qui remonte du terrain : nous sommes coupés des décideurs par trop d’intermédiaires hiérarchiques qui soignent leur carrière….
Virer les incompétents, comme ds le privé. Une x nommé, un prof peut gagner sa vie ad vitam eternam sans rien faire, en cumulant ses jours de maladie par exemple. Ras-le-bol des enseignants fainéants !!!
Anne, une prof passionnée mais en colère…
Je fais ce métier depuis maintenant 22 ans mais le cœur n y est plus. Je considère qu etre aussi mal payé avec un bac +5 est un affront fait aux enseignants. Nous sommes enseignants de génération en génération dans ma famille depuis 1850. Mais cette succession se terminera par moi. Mes 3 enfants refusent ce sacerdoce : avoir une mère toujours en train de faire des recherches, d ameliorer sa pédagogie pour les porteurs de handicap, de corriger à longueur de semaines ses copies les ont dégoûtés. Les hussards noirs de la république se termineront avec moi.
J’aimerai enseigner, mais je n’arrive pas à trouver de formation concrète… :/
Si quelqu’un a une idée…
ce métier est devenu une profession « féminine »;quand j’ai commencé en 1965 dans un important athénée, il n’y avait que 7 ou 8 dames sur un corps professoral de +-100, la discipline régnait avec d’excellents profs pour la plupart, ceci explique sans doute , en partie, pourquoi cette profession n’est plus respectée
Il est grand temps que les décideurs s intéressent aux nominations des enseignants.. trop de PO et bcp de jeunes quittent ce métier car ils ne savent pas faire de projets de vie .. car pas de crédit hypothecaire possible .. alors ils changent de
Métier et se dirigent vers d autres choses
Soit mais malheureusement pas les seuls dans la fonction publique ….infirmières, éducateurs, et avec beaucoup moins de congés et des horaires variables ….de nuit….les we….Tout le système est par terre et nos technocrates de dirigeant sont aveuglés et indifférents ….motivés par la rentabilité et les profits immédiats
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Prévoir des personnes formées aux surveillances pour éviter les surveillances aux professeurs car nous avons besoin de nos pauses!!!
Article assez juste , la réalité terrain est bien pire au quotidien : stigmatisation, discrimination, favoritisme, promotions canapés, sabotage , ambiance panier de crabes, injustices et immoralité, solitude professionnelle, inutilité de charges administratives imposées, ambiance de classe exécrable, mascarade des conseils de discipline pour des faits d’incivilités graves (insultes verbales à l’égard de l’enseignant, injures gestuelles en classe et autres comportements délictueux en classe), jamais suivis d’effets, non soutenus voire accusé d’en avoir fait état etc… qui voudrait se lancer dans une profession qui bouffe petit à petit la santé d’un personnel au départ motivé et bienveillant ?
Je suis professeur de mathématiques, j’adhère complètement à l’ensemble de l’article avec une mention particulière concernant le manque de respect envers les enseignants. Je me mords les doigts d’avoir passé ce concours pour enseigner, c’est pourquoi j’envisage de quitter ce monde probablement pour créer ma propre boîte ou me recycler comme ingénieur (pas forcément évident quand on est trentenaire).
Je ne suis pas optimiste quant à l’avenir du métier, il attire de plus en plus de personnels contractuels qui cherchent un emploi alimentaire aggravant le manque d’attractivité du métier (qui songerait de devenir médecin ou avocat pour avoir un emploi alimentaire ? ). Le plus désolant est que les enseignants ont fini par intériorisé ce déclassement.
Je ne crois pas à un redressement car il s’inscrit dans un long déclin de l’enseignement national. Si on en est là c’est entre autre, la faute à des syndicats qui n’ont pas toujours adopté les positions les plus intelligentes – grévistes pavloviens – mais aussi à cause de l’institution Education Nationale. Le « mammouth » véritable état soviétique centralisé, administration vampirisée par la bureaucratie, y est pour beaucoup par son incapacité structurelle à faire émerger l’innovation. On paye le prix ici d’une centralisation qui pouvait marcher il y a un siècle mais qui est aujourd’hui un modèle archéologique. En vérité il serait trop facile d’accuser la société, la responsabilité est nationale, en particulier les profs ont également contribué à leur déclin. Ces derniers accepteraient-ils que les chefs d’établissement choisissent leurs enseignants comme cela se fait dans les pays avec les meilleurs résultats scolaires au monde au lieu de se laisser muter ? La réponse est négative.
Ajoutons à cela la faible rémunération du métier. C’est je crois l’élément qui m’a le plus déterminé sur mon avenir : comment avoir la motivation pour créer de nouvelles activités, utiliser ses week-ends pour préparer de nouvelles portes d’entrée pour aider les élèves à entrer dans les apprentissages, quand on voit son bulletin de salaire ? La faible rémunération décrédibilise tout le métier. Et ne nous voilons pas la face, même si on assistera à l’avenir à une hausse des rémunérations, elles resteront faibles et garderont les français loin derrière leurs homologues singapouriens, suisses ou allemands. La raison est fort simple : l’état français est surendetté. L’Education Nationale est engagé dans des mécaniques d’économies. Inutile d’attendre un miracle de ce côté-là.
Si on ajoute le lent déclin des résultats des écoliers français dans les classements internationaux (PISA, PIRLS, …) on se dit que finalement toute l’agitation des changements de programmes ou des pédagogies new look etc ne servent… à rien.
Enfin l’hypocrisie d’un système qui ne pénalise pas les parents-rois, qui parle de bienveillance – un euphémisme de pas-de-vague – finit par achever l’enseignant.
En tant qu’enseignant, au collège les bavardages et le manque d’exigence sont aujourd’hui un fléau.
Un élève peut bavarder et perturber continuellement la classe pendant des semaines, des mois…. La loi est faite de telle manière qu’il est impossible de l’exclure de l’établissement et ce problème ruisselle sur l’exigence vis à vis des élèves. Les chefs d’établissement n’ont qu’une peur: le tribunal administratif. Sans réellement comprendre les mécanismes, les élèves le sentent et en profitent. Cela crée un climat qui n’est pas propice aux enseignements.
Le mot bienveillance est détourné de son sens, le mot complaisance lui conviendrai mieux.
Ce système étatisé de l’enfant roi n’aide pas notre jeunesse…
J’ai beaucoup aimé enseigner pendant longtemps. Aujourd’hui on nous demande tellement de choses autre que notre enseignement que l’on nous prend pour des assistantes sociales. Des sollicitations à n’en plus finir pour résoudre les problèmes de la société ! Désolée, mes journées n’ont que 24h!!! L’éducation nationale nous infantilise, ne nous fait pas confiance. On est frustré de ne pas pouvoir exercer ce métier magnifique et voir nos élèves s’épanouir.
Les nouvelles technologies n’ont pas que du bon: perte de temps à allumer des ordinateurs, des connexions insuffisantes quand les élèves doivent utiliser les tablettes données par l’EN, si bien qu’ils n’ont pas accès aux exercices… Le livre papier c’était quand même bien !!!
Des parents trop souvent absents pour aider les enfants, des parents qui vous demandent ce que eux ne font pas; le respect, la bienveillance, le partage sont en voie de disparition. Les médias, les programmes TV les plus populaires ont une part de responsabilité dans la sociabilisation des jeunes. Je pourrais continuer mais c’est déjà long!!! Je rêve du jour où l’on reviendra à la simplicité, aux valeurs fondamentales, où toute la communauté éducative sera respectée et retribuée correctement.
Abolir la règle en Belgique que l enfant ne peut doubler qu une fois dans le cycle 5/8 ans. On se retrouve avec des enfants immatures qui ne suivent pas et qui dérangent l apprentissage des autres. Ces enfants auraient besoin de perfectionner le français, l apprentissage des 3 ème maternelle. Supprimer l enseignement spécialisé est aussi une aberation. Je défie toute personne de travailler dans de tels conditions avec un nombre élevé d enfants. Impossible d avancer et de s occuper de ceux qui en ont réellement besoin.
Momentanément proposez les postes à des personnes retraitées qui ont la fibre enseignante. Par ma part, je suis considéré comme trop vieux, peut-être ringard, chez moi. C’est pourquoi j’enseigne dans des écoles privées de matières de haute valeur ajoutée alors que je pourrais encore enseigner dans des institutions publiques…
…Et maintenant l’Indice de position sociale IPS dans les procédures Affelnet et Parcoursup qui placent les enfants de professeur-e des Ecoles en catégorie » favorisée A » au même titre que ceux d’un capitaine d’industrie!! Catégorie désormais discriminante négativement. Or les enseignants – ces privilégiés – n’auront pas les moyens financiers de se tourner vers de prestigieuses formations privées en France ou à l’etranger pour ceux de leurs leurs enfants brillants lorsque ceux-ci se retrouveront évincés le cas échéant par Parcoursup. Le coup de grâce.
Avant d’entamer les études de logopédie, j’ai subi un examen d’orthographe. Heureusement, mon instituteur était excellent , je n’ai donc pas dû suivre le cours de remédiation. Merci donc à l’enseignement classique. Avant de bénéficier d’un programme d’apprentissage, il faut connaître la langue; sans cela, il n’est pas possible de respecter les consignes…
Ne pourrions-nous pas aider les enseignants en établissant un « seuil » avant l’entrée dans la classe correspondant à l’âge des élèves ? L’individualisation me paraît être le propre du logopède (aidé d’un interprète ou d’un linguiste…) Que les enfants ukrainiens partagent la cour de récréation ou les activités artistiques avec les autres élèves ne comporte aucun désavantage, au contraire. Par contre, les faire assister à un cours de conjugaison est stérile et démotivant pour tous car le rythme de la classe ne sera pas préservé. Ceci n’est qu’un exemple…
Le reconnaissance d’un diplôme d’enseignement obtenu à l’étranger (ex: pgde en Écosse pgve en Angleterre… ) , la reconnaissance des années d’expérience à l’étranger et l’intégration qui doit être facilitée dans l’éducation nationale pourrait beaucoup aider. Il y a qques années je suis revenue d’Ecosse, diplôme d’enseignement secondaire en langues, 7 années d’expérience… et il aurait fallu repasser par le concours pour enseigner à mon retour en France… j’ai donc changé de voix avec regret. Et je suis prête à retourner à l’enseignement dès demain si on m’accompagnait dans une prise de poste et m’offrait un salaire prenant en compte mon expérience.
Le problème avec les enseignants c’est qu’ils ont des oeillères. On a l’impression que ce sont les seuls de la fonction publique à être mal payés. C’est ce qui agace tout le monde je pense. Parcourez les salaires de la territoriale et de la fonction publique hospitalière avec heures sup non payées, sous effectif, des élus omnipotents qui n’y connaissent rien. Il n’y a pas que l’enseignement qui est sinistré et eux ont moins de vacances, font 100% de leur temps de travail sur place. C’est toute la fonction publique qui est sinistrée.
Professeure depuis maintenant 10 ans!
J’étais motivée pour devenir professeur, c’était une motivation.
Maintenant, je déchante…d’année en année.
Les élèves n’ont peur de rien, les punitions ne leur font pas peur ( enfin pour pour ceux qui mettent le bazar!)
Il ne faut plus mettre d’heures de retenue!!!!
De plus, le fait que le redoublement ne soit plus proposé, les élèves ne sont plus motivés pour se mettre au travail….quand j’étais élève c’était honteux de redoubler…on ne voulait pas se retrouver avec la génération d’après…donc on faisait tout notre possible pour y arriver….
Maintenant des élèves passent de la 6 ème à la 3ème sans rien faire!!!! Je n’arrive tjs pas à comprendre comment c’est possible!
Certains enfants ne sont pas à leur place en 6ème, j’ai un élève en 3eme qui ne sait pas écrire correctement et qui n’est pas capable de faire des exercices de CE1….le pauvre il souffre de ne rien comprendre par conséquent il enquiquine les autres ou alors il ne vient pas…
Ah oui…l’absentéisme des élèves….impressionnant et les parents ne sont pas souvent amenés à être inquiètés…
Je suis aussi d’accord avec ce que cet article relate bien sûr….
Il faudrait qu’en primaire les maths, français et lectures soient de nouveau une priorité afin de remettre un niveau correct. Au collège des classes de niveau et moins d’élèves par classes en gros revenir sur ce qui fonctionne et que les parents prennent leurs responsabilités l’école est un lieu d’accès à la culture et non leur éducation…
Moins d’élèves par classe, des moyens correct, (on pleure pour réaliser des sorties ou même pour pouvoir de temps en temps faire des impressions couleur).
Plus de profs, un vrai réseau de remplaçant dans toutes les disciplines (pour mes 2 congés maternité, il y a 1 mois et demi sur 4 où je n’étais pas remplacée)…
Plus de salaire et surtout le paiement effectif de toutes les heures supp pour des trucs du programme, exemple pour ma part je suis monitrice psc1, psc1 censé être dispensé à tous les élèves de 3e, une session = 12h de formation, on a pas assez de dotation horaire donc je fais mes sessions de 12h mais on ne peux m’en payer que 4h par session… Et ça c’est un exemple parmi tant d’autres.
C’est tout ça qui nous donne l’impression d’être la dernière roue du carrosse…
Ensuite une meilleure organisation des établissements et anticipation des choses pas te filer un papier à distribuer le jeudi quand la date butoir pour le rendre c’est le vendredi, et après venir t’engueuler parce qu’ils l’ont pas rendu ou mal rempli…
Renforcer la discipline et les sanctions, remettre les heures de colle le mercredi après-midi et pas dans des trous d’emploi du temps des élèves où ça n’apporte aucune contrainte…
Il y en a des choses à faire, encore d’autres, mais déjà là on a un bon panel…
Que les Universités qui forment de nouveaux professeurs de plus en plus, moins contingenté, il est important que les jeunes soient intéressé par de nouvelles conditions de travail. Je souhaite que les professeurs soient soutenus par leur comités administratif. Que l’on offre du soutien pour la récréation, moins de surveillance, plus de personnel secondaire leur tâches assistant à leur place aux réunion et faisant un résumé aux professeur. Que les professeurs soient soutenus par des gens thérapeute, psychologue afin de prendre en charge les parents, qui ne prennent pas leurs responsabilités, au contraire, ils délèguent l’éducation de leurs enfant aux professeurs. Important que la profession d’enseignants perdurent, il faut agir le plus rapidement possible, qu’il allege leurs tâches, c’est un cas d’urgence.
En finir avec le système de mutation nationale qui envoie les jeunes enseignants loin de leur région pendant des années. Décharger vraiment les classes en REP, pas plus de 15 élèves. Augmentation considérable du salaire pour enseigner dans les endroits difficiles ou bien très forte diminution horaire, proche du mi-temps. Trouver des solutions pour que les « cas » (élèves très difficiles) ne sabordent pas les cours. Permettre aux profs débutants de les virer facilement, c est déjà assez dur de faire cours à une classe calme quand on commence le métier, trop de trucs à se mettre en tête, un peu comme quand on commence à conduire. Le mieux serait que les débutants soient accompagnés une année par un autre prof pendant leurs cours. Valoriser les profs qui se concentrent juste sur le fond de leur métier, càd la transmission de connaissances, et pas ceux qui veulent se faire bien voir en multipliant les projets, souvent mal ficelés et qui n apprennent pas grand chose aux élèves. Donner aux profs une formation psy pour mieux appréhender les difficultés des élèves et mieux savoir les gérer. Arrêter de leur donner toujours davantage de missions. Arrêter de raccourcir le temps de vacances, c’est un boulot magnifique mais fatigant, voire épuisant, même pour un prof chevronné qui sait gérer ses classes.
Bon article mais partiel. C’est étrange de constater qu’un métier, dès lors qu’il se féminise, est dévalorisé. Beaucoup de femmes ont choisi ce métier pour concilier vie familier vie professionnelle. Force est de constater que cette conciliation devient impossible avec la multiplication des tâches, de surcroît pour une maman solo pour laquelle le salaire ne permet pas de faire face.
Bref, il serait temps que les syndicats s’emparent de cette question féministe.
Que dire des classes surchargées. Dans mon bahut, fermeture de classe annoncée le 27 juin. On aurait pu bosser, pour une fois, dans de bonnes conditions et pour la réussite des enfants, à 24 gosses. Mais, il ne faudrait pas nous accorder du confort : ce seront donc 31 mouflets en sixième!
Les gosses vont mal: confinements successifs, écrans à haute dose, inquiétude au monde. Et puis il y a les gosses en difficulté sociales, de plus en plus de gamins TDH/A et tous ceux en situation de handicap. Et ils sont 30 par classe, lesquelles sont rarement conçues pour de tels effectifs.
Les classes justement, pas isolées ni du bruit, ni du froid, ni de la chaleur.
Les DRH inexistantes, les temps partiels interdits, les Capa abolies, les formations supprimées, la médecine du travail à laquelle nous n’avons pas le droit , l’absence de CE et de 13 eme mois. Mais les réunions à la con et les réformes débiles, c’est open bar
Bref, j’aimerais vivre une année d’enseignement sans avoir à me mettre en grève pour refuser l’inacceptable! De tous les pays de l’OCDE, la France détient un triple record: le plus d’heures travaillées, les classes les plus chargées, le salaire le plus bas. Ce n’est pas une opinion; c’est un fait.